La bourse et la grenouille : quelle différence?

Piqûre de rappel!!!  Je crois qu’il est nécessaire de rappeler certains fondamentaux. Plus les jours passent, plus on se perd… Plus on crie au scandale, plus on finit par trouver cela normal. Plus on dit que tout va finir s’effondrer, plus la peur d’investir s’estompe car il ne se passe rien. Mais alors il se passe quoi bon sang?

Tout est normal disais-je. Me revient en tête l’histoire de la grenouille qui barbote dans une marmite d’eau froide. Tout le monde connaît cette histoire n’est-ce pas? Je vous l’ai déjà contée? M’en fous! Car l’être humain tend malheureusement à oublier très responsablement ce qui l’arrange… Bon, pour en revenir à cette grenouille, ce qu’elle ne sait pas, c’est que la marmite se trouve sur une plaque à cuisson qu’on vient d’enclencher. L’eau devient tiède. La grenouille trouve cela agréable. L’eau devient chaude. Elle trouve toujours cela agréable. Et tout à coup, sans qu’elle ne s’en rende compte, l’eau est portée à ébullition et la grenouille meurt sans même s’en rendre compte. Cette petite histoire démontre une chose. Si par mégarde on avait plongé directement cette grenouille dans la marmite à ébullition, jamais elle n’aurait supporté un tel inconfort. D’un bond, elle aurait quitté cette casserole infernale! Mais à dose homéopathique, le changement, aussi inconfortable soit-il, est parfaitement assimilé par l’être humain.

Ben voilà où nous en sommes actuellement. L’histoire de la grenouille peut être transposée telle quelle à la bourse. Nous vivons exactement la même chose. Figurez-vous que:

  • Nous acceptons d’investir en bourse alors que les prix atteignent des sommets.
  • Nous acceptons aussi d’acheter des titres dont les valeurs dépassent l’entendement (Tesla, Google, Facebook, etc).
  • Nous trouvons normal que l’économie fonctionne avec des banques qui font comme elles veulent, avec des hedge fund dont personne ne comprend plus rien et en choisissant d’acheter des CDS sur des titres de dettes que l’émetteur n’est pas en mesure de d’honorer.
  • Toujours parfaitement normal d’accepter joyeusement que le monde entier soit dirigé par le Congrès américain qui a pleins pouvoirs de décider de la date d’effondrement du système financier (je fais référence au plafond de la dette américaine).
  • On trouve encore toujours très très très normal de reconnaître qu’en fait, le seul dirigeant de la Terre, c’est Ben Bernanke. Il presse le bouton vert et la planche à billets fonctionne et la bourse monte. Il presse le bouton rouge et tout s’effondre d’un coup, comme un hélico dont le rotor cesse de fonctionner.
  • Toujours plus que normal pour dire que les taux de change sont manipulés et que les banques mondiales adorent s’arranger entre elles sur les cours à appliquer.
  • Nous adorons encore reconnaître que la seule politique économique valable passe par la dette. Donc c’est juste que tout le monde s’endette, que les Etats se refinancent en augmentant sans cesse leur dette, comme il est juste de dire que s’ils ne remboursent jamais et que ce n’est pas grave.
  • On souscrit sans sourciller à la NSA qui écoute nos appels téléphoniques, qui transmet des courriels commerciaux échangés entre des partenaires à des concurrents pour les prévenir.
  • On accepte que Google aille faire chier les poissons jusque dans la fosse des Mariannes.
  • En Suisse, nous acceptons depuis longtemps d’acheter nos maisons à un tel prix et de nous endetter à un tel niveau que nous n’avons pas assez d’une vie pour rembourser notre dette.
  • Et pour finir par un petit clin d’œil, nous trouvons normal d’équiper nos enfants d’un casque bientôt pour tout. Même pour jouer à la récré bientôt peut-être. De même que nous acceptons le fait que pour le bien de nos chers bambins, il devient la norme qu’ils soient trilingues à l’âge de 4 ans, qu’ils sachent aller à cheval, jouer au foot, patiner, jouer de 3 instruments de musique et qu’ils consacrent 2 soirs par semaine aux techniques de peinture.

La normalité? Chacun l’interprète à sa manière. En ce moment, on trouve normal ce qu’on trouvait anormal il y a encore quelques années. Qui, en 2007 juste avant l’effondrement des subprime, aurait pu prétendre que l’impression à gogo de dollars américains serait la nouvelle norme de gouvernance? On aurait tous hurlé au scandale non? Maintenant, on accepte cela. C’est devenu normal…

La seule chose à retenir demeure celle-là cependant. La grenouille… ben elle finit par mourir sans s’en rendre compte. Je ne sais pas vous mais moi, je suis parfaitement conscient de la température de ma marmite. C’est pourquoi j’ai choisi de la quitter. Même si l’eau n’a pas été encore portée à ébullition.


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