| Billet invité | On y est. Ce que volte-face annonce depuis ce printemps est en train de se produire. La Bank of England a lancé les dés de la prochaine déferlante de liquidités sous la forme d’un QE3. L’annonce officielle anglaise fait part de la nécessité de « soutenir l’économie car elle n’a crû que modestement ces dix-huit derniers mois ». Langage politique et léché s’il en est, il aurait été préférable d’appeler un chat un chat. L’économie britannique se trouve techniquement en récession depuis deux trimestres déjà. La politique d’austérité ne fonctionne pas. Elle mène à l’abîme mais MM Cameron et Osborne sont encore trop fiers pour l’admettre.
A quoi faut-il nous attendre? Les marchés restent extrêmement fragiles. La reprise amorcée ces derniers jours ne traduit qu’un soulagement passager. Le système ne s’effondre pas et c’est cela que les marchés « fêtent ». C’est tout. La destinée de l’Occident se dessine avant tout par l’image d’une belle tartine de Nutella. Il n’y a plus rien dans le pot. Alors on étale, on étale, encore et encore. Les dettes seront de plus en plus échelonnées dans le temps. On renégociera les plans de remboursement. On tentera d’emprunter par tous les moyens à bon compte. On tentera encore de réduire autant que possible le déficit des États. Mais voilà. Car de désendettement, on ne parle plus. Par la planche à billets, on tentera de monétiser un maximum cette dette devenue simplement impayable.
La suite sur les marchés s’apparente à une lente agonie. On continuera de faire du surplace au mieux. Rien ne peut les faire monter. Les résultats des entreprises continueront d’être bons, mais pas exceptionnels. Je redoute d’ailleurs que les marchés ne soient déçus prochainement, lorsque l’on constatera que la récession qui s’installe peu à peu se traduira par des résultats d’entreprise pas aussi bons que prévu.
En attendant, à ceux qui souhaitent enfin exploiter les montagnes de cash accumulées depuis de longs mois, je pourrais recommander d’investir dans de simples obligations émises non pas par des débiteurs jugés inébranlables, mais bien par des entreprises moyennement cotées. On atteint sans trop de problème un 3% de rendement sur du franc suisse. Le seul risque demeure l’émetteur. Je poursuis en revanche ce que je martèle depuis des mois, ceci en termes de diversification : franc suisse, franc suisse et franc suisse. L’émission sans cesse renouvelée de monnaie de la part des banques centrales ne peut aboutir à rien d’autre qu’à une perte de valeur des monnaies. Il serait stupide d’effacer partiellement un rendement sommes toutes très profitable en le diluant par des pertes de change.
Les taux de l’Espagne s’envolent à nouveau ? Ce n’est pas grave Madame la Marquise. Car tout va bien dans le meilleur des mondes. Nous sommes passés Maître dans l’art d’exercer le déni…
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