La bourse et la vie

| Billet invité |  Seuls ceux qui auront joué gagneront. La maxime est huilée. Le SMI s’en ira dépasser allègrement les 7000 points d’ici à quelques mois. Rien ne pourra l’en empêcher. Ne soyez donc pas pénible dans le choix de vos titres, car c’est le marché dans son ensemble qui monte. Evitez cependant les titres défensifs qui ont déjà extrêmement bien perfomé. Pourquoi tout ne peut que monter ? Parce qu’il y a les élections américaines et que personne ne prendra le risque de détourner les projecteurs de cette joyeuse nomination. Pour une fois, les Etats-Unis ne pourront pas faire autrement que capter l’attention du monde entier ! Les banques centrales, même si elles ne feront peut-être rien, continueront de claironner qu’elles feront tout pour assurer la stabilité du système. Lisez donc : personne ne fera faillite, les Etats et les banques pourront continuer de nouer les deux bouts grâce à des artifices complètement abracadabrants. C’est la joie des pleins pouvoirs !

Je le répète. Nous vivons peut-être actuellement ce qui pourrait devenir la plus grosse bulle de l’Histoire. Rien n’a jamais concentré tant de paradoxes. L’argent coule à flots, nous sommes noyés sous les dettes, les entreprises possèdent des montagnes de cash, les marchés représentent la seule opportunité d’investissement, principalement en raison d’un marché obligataire maintenu complètement mort par les banques centrales. L’argent ne peut se diriger qu’à une seule place : les actions ! Le feu d’artifice est en route monsieur dame. Profitez-en sans modération. Ne voyez-vous pas que tout est fait, tant de par les banques que nos autorités, pour que le péquin investisse tout son argent en bourse ? Grâce à nous, les Grands Spéculateurs (lisez les banques, les hedge funds, les États) tenteront une fois encore de se refaire.

Cette hausse ininterrompue des marchés n’est que spéculation. Elle est complètement décalée des fondamentaux qui restent de couleur noir foncé. Les États occidentaux sont tous en quasi surendettement, donc insolvables. Les banques ne fonctionnent plus et demeurent sous-capitalisées. Les scandales les affaiblissent toujours un peu plus. Mais plus grave, elles ont perdu toute crédibilité aux yeux de l’opinion publique. Les économies en général sont en récession et s’apprêtent à plonger en dépression. Le « modèle » de croissance, qui nous a guidés ces trente dernières années, ne répond plus. Il appartient désormais à l’Histoire. S’endetter ne rime à plus rien. S’endetter pourquoi ? Pour assumer notre lente décroissance et notre retour à une certaine pauvreté ?

Les marchés s’effondreront de toute façon, que ce soit avec l’aide ou non des banques centrales. Si elles devaient encore intervenir, l’effondrement n’en sera que retardé. Mais à présent, place au festin ! Enrichissez-vous tant que vous le pourrez. Ne conservez ni Euros ni dollars. La première monnaie disparaîtra. La seconde sera tant dévaluée qu’elle plumera ses détenteurs. Restent trois monnaies qui vous conduiront au-delà de l’effondrement du système : le CHF, le CAD et le AUD. Nous vivons la fin d’un système, la fin d’une ère. Nous vivons en quelque sorte le bouquet final de feus d’artifice des fêtes de Genève… avant de plonger dans la nuit noire et de se réveiller le matin avec une belle gueule de bois.


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