Et si l’Europe s’en sortait?

| Billet invité |  Myret Zaki – Paul Krugman : quel match ! La croissance occidentale appartient au passé. A présent en Europe, c’est l’équilibrage des déficits qui prévaut. En Amérique, on n’y est pas encore. Les déficits se creusent inexorablement et on continue très responsablement de n’y apporter aucune considération. On attend les élections paraît-il. Ce sera certainement plus simple après…

Dans un récent numéro de Bilan, M. Zaki fustige sèchement les allégations de P. Krugman. Selon elle, tout ce que propose cet économiste, c’est de faire fonctionner la planche à billets et ainsi de monétiser la dette. C’est juste. En revanche, ce qu’elle oublie de mentionner, c’est que P. Krugman dit aussi qu’une fois l’économie sur le chemin de la croissance, les mesures de réduction de déficit et de remboursement doivent entrer en action. Dans une de ces colonnes, il évoque d’ailleurs qu’il conviendrait de faire voter au Congrès un mécanisme à double détente. Dans un premier temps, augmenter la dette du pays en la finançant par de l’impression de monnaie et lancer une politique de grands travaux. Ensuite, on économise… L’un ne va pas sans l’autre!

M. Zaki a cependant également raison. Elle évoque la rigueur allemande en tant que modèle. C’est tout simple. Un jour, il faut payer. Et c’est ce qui se passe actuellement. Le gouvernement allemand a choisi de vivre la période transitoire où toute économie vivant au-dessus de ses moyens et dépendante du crédit doit faire du surplace durant un certain temps afin de stabiliser le bateau.

Je rejoins encore une fois M. Zaki et sur la politique menée par l’Allemagne. Les politiques anticycliques ne figurent malheureusement que dans les bouquins d’économie. Pour creuser le déficit sans prendre de vraies mesures de redressement, les politiques en sont aisément capables. Mais lorsqu’il s’agit de peler l’oignon, bip…bip…bip…plus personne en ligne!

L’Allemagne a compris qu’elle devait utiliser la période actuelle pour arriver à faire passer ses idées. Elle a compris que les politiques ne réagissent que sous la pression. Elle serait stupide de se passer de ce cadeau de la vie qu’offre la situation financière désastreuse des états européens.

Le grand hic, c’est de pouvoir tenir le cap durant les années noires qui nous attendent. Si l’Europe arrive à passer l’orage sans qu’un conflit armé ne se déclenche, alors oui, elle risque bien de ressortir grande gagnante de l’épreuve. En revanche les États Unis, eux qui n’ont pas la chance de posséder un modèle allemand pour apprendre à compter et cesser de rêver, courent clairement à la faillite pure et simple. Car plus qu’un problème d’argent, c’est avant tout d’un problème de mentalité dont il s’agit. Et malheureusement pour eux, attendre la prochaine génération, ce sera trop tard!


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