La bourse et la vie

| Billet invité | Paul Krugman surnomme la période que l’on vit depuis 2008 « The Great Recession ». Même si l’Europe et surtout les États-Unis ont semblé faire illusion durant quelque temps, force est de constater que nous sommes en train de sombrer non seulement en récession, mais en dépression.

Les nuages sombres s’accumulent et le tremblement de terre approche. Préparons-nous à vivre le remake de l’an passé. Les secousses sismiques semblent trouver leur terrain d’expression durant la période estivale ! Pourquoi ? Cette fois-ci, je dirais que c’est encore pire que l’an dernier car la cause qui terrifie les marchés ressemble à un prisme dont les facettes qui ne brillent plus ne se comptent plus. La Chine marque le pas, touchée qu’elle est non seulement par des prix immobiliers qui chutent, mais en plus par une croissance qui faiblit.

D’autre part, les signaux se multiplient sur le marché du luxe, que beaucoup prévoyaient qu’il ne pourrait plus souffrir à cause du nombre de super riches. Regardez les titres qui sont sur ce marché, à l’image de Swatch Group ou de Richemont : ils s’effondrent littéralement ! Je n’oublie pas une maxime chère à mon grand-père qui jadis fut actif dans l’horlogerie suisse. Il me disait : « Nous sommes toujours les premiers à subir les crises ». De là à déduire que l’horlogerie suisse s’apprête à subir un ralentissement brutal ne me paraît pas usurpé. Les signes sont déjà là. Nous en saurons plus cet automne déjà.

Les Etats-Unis ne décollent toujours pas et sont obligés d’afficher leur impuissance. Ils ne peuvent plus rien faire et attendent tranquillement l’élection présidentielle. Personne ne veut bouger, agir, secouer le cocotier. Après on verra… Attentisme qui risque de leur jouer un très mauvais tour. Car ne rien entreprendre avant le cataclysme programmé sera le déclencheur de leur catastrophe bien à eux. Il sera trop tard pour agir.

En Europe, l’Espagne ressemble de plus en plus à une cocotte-minute prête à exploser. Il ne reste plus qu’à craquer une allumette et il en sera terminé. La BCE lancera ces toutes prochaines semaines son troisième QE3 (pardon, son LTRO) afin de soulager les banques aux abois. Manœuvre de désespoir qui ne mènera à rien. Ou plutôt si : à nous amener encore plus vite dans le trou. En fait, tout ce qui se décide et se trame au plus haut niveau nous aidera à encore plus vite rejoindre les abîmes. Il ne peut en être autrement. Nous sommes le patient qui a décidé de mourir. Alors autant en finir le plus vite possible !
Sauver les banques est louable. Vouloir désendetter les États c’est bien. Relancer la croissance est bien entendu souhaitable. Mais pas comme ça ! Ces gens n’ont rien compris au véritable problème. Bientôt, les constructeurs de bateaux de croisière pourront ressortir du placard leurs vieux plans du début de siècle passé. Ils pourront à nouveau créer des dortoirs à huit lits, sans fenêtre, où s’entassera la troisième classe. Quant à la première classe, elle pourra à nouveau compter sur un luxe sans pareil, avec servantes, ponton privé, et promeneur de lévrier afghan privé !

Ne serions-nous pas entrain de revivre le remake des années 1920 ? Tiens, les bourses chutent, de même que les matières premières. Quant à l’or, alimenté par l’angoisse que tout le système s’effondre, il reprend ces jours tout son éclat.

Un dernier mot sur l’EURO. Il semble manifeste que nombre d’Européens transfèrent leur argent dans des banques allemandes. Bien entendu, conserver des Euros est souhaitable et personne ne veut imaginer un instant que cette monnaie puisse disparaître. Personne ne souhaite non plus l’échanger contre du franc suisse, bien trop cher aux yeux de tous. Changer des Euros en francs suisses équivaudrait à se résoudre à enregistrer une perte, ou à changer au « mauvais moment ». Mais ne serait-ce pas le prix à payer pour s’assurer contre une perte avenir qui risque simplement d’être encore plus grande ?

La confiance dans les banques n’existe plus. Les grandes entreprises l’ont bien compris. Volkswagen, entre autres, vient d’ouvrir sa propre banque…


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