Quand l’attente est trop longue

Monseigneur Draghi a parlé. Il a agi. Mais il a agi d’une manière qui n’a pas plus aux marchés. En bref, tout le monde attendait son message. Un message qui aurait dû prendre la forme non seulement d’une extension du programme existant, mais surtout d’une augmentation de ce dernier. Or il n’en a rien été. Draghi continue juste d’imprimer ses billets un peu plus longtemps que prévu, jusqu’en 2017 qu’il dit. Alors cette prévision, elle est à peu près aussi précise et certaine que de prédire le temps qu’il fera le 28 décembre à 6h07 du matin à La Brévine. Aucune idée. Et c »est bien cela qui a déplu au marché. Car fixer des échéances aussi lointaines, sans réflexion sérieuse derrière, c’est juste se moquer du peuple.

La réalité est pourtant tout autre. La croissance est de retour aux Etats-Unis et l’Europe semble se réveiller. Ça vient… Enfin! Quant au retour de l’inflation, il est à programmer bientôt, aidé qu’il sera par les matières premières avec le pétrole en tête. Reste pour cela que ce dernier devrait arrêter de se casser la figure. Et de par les temps qui courent, je ne suis pas certain du tout que cela se passera demain. Tout le monde semble s’insurger contre la surproduction de l’or noir, de l’abondance des stocks. Mais c’est fait exprès. Tout le monde a compris que c’est grâce aux prix bas de l’énergie que la croissance apparaîtra à nouveau.

A présent parlons un peu de cette fameuse croissance. Alors elle revient gentiment. Enfin. Mais elle restera épouvantablement molle. Et ce n’est pas demain que les taux iront tutoyer le ciel. Alors on peut toujours rêver d’une lente remontée des taux. C’est possible. Mais en y regardant de plus près, ce sera très difficile de revoir des taux élevés à moyen terme.

La raison à tout cela est simple et personne n’en parle. C’est la dette. Et la dette atteint partout des niveaux épouvantables. Les économistes? Ils ne parlent que de l’économie, de la croissance, du faible prix des matières premières, des affaires qui se développent, des bourses qui se tiennent bien, de l’excellent retour de dividendes des multinationales. Tout, mais absolument tout nous dit que la croissance est de retour et je le pense aussi. Mais ce que les stratèges n’abordent jamais à la télé, c’est non seulement le chômage, toujours épouvantablement haut en Europe, et bien sûr de la dette. Car la dette, à l’heure actuelle, n’est pas un problème. Au contraire, elle favorise la croissance grâce à son coût zéro.

Nous avons devant nous de belles années. L’économie va bien. Les travailleurs qui ont du boulot ne se plaignent de rien. Et c’est bien sur cela que tout le monde se focalise. On choisit de regarder le bon. On encode de la confiance. Et c’est grâce à cela que l’économie dans son ensemble performera agréablement ces prochaines années. La dette? Les taux? Les exclus? Les chômeurs? Les déficits? C’est simple, on s’en fiche complètement. Tant que les taux ne remontent pas trop, ce qui est impossible je le rappelle, on n’en parlera pas. On continuera comme jusqu’à présent. On va creuser les déficits. On va continuer notre marche en avant tout en accentuant la répression financière où qu’elle se trouve, sauf au Delaware bien sûr. Là c’est juste normal de pouvoir ouvrir un trust et de parquer son pognon incognito.

Restent encore les changes qui vont nous occuper l’an prochain. Le dollar devra être manipulé afin de ne pas risquer de brusquer trop les marchés. Les taux US monteront eux aussi, mais à dose homéopathique seulement. Personne ne prendra le risque de tout secouer et de tout foutre en l’air. Personne n’a envie de cela et surtout Mme Yellen.

Les bourses? Je les vois continuer d’évoluer à un niveau très élevé, mais avec d’importantes cassures. Car lorsqu’on évolue à des niveaux pareils, un simple trou d’air se transforme très vite en une panique générale. Surtout si tout le monde, dans un mouvement de panique, essaie en même temps de passer par la même porte. Et avec les paris pris dans ces marchés qui sont fous, tout le monde sait qu’il n’y a pas de contrepartie pour tout le monde. La liquidité manque. Donc watch out en cas de secousse, car ça risque d’être brusque. La bonne stratégie? Tout d’abord, c’est d’avoir conscience que les marchés resteront élevés. Ensuite, c’est savoir profiter d’une bonne cassure pour entrer sélectivement sur le marché. Ceux qui feront de l’argent en 2016 seront ceux qui sauront déceler les moments pour entrer et sortir du marché en temps très opportun. Car ce sera du court terme.

 


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