| Billet invité | Keynésien dans l’âme, Paul Krugman étaye et rabâche sa théorie dans le New York Times depuis 2008 sans en changer un seul mot. Pour lui, l’État américain n’en fait pas assez. Il ne prend pas assez en compte le sort des millions de chômeurs qui sont hors circuit depuis parfois des années. Les faits lui donnent raison. A ceux qui, il y a quelques années, brandissaient l’angoisse de l’inflation et des taux d’emprunts hystériques, il leur répond que rien de ce qu’ils prévoyaient ne s’est passé.
Avec toujours plus de conviction, M. Krugman incite l’État à s’endetter encore plus et à lancer de grands travaux. L’endettement? Il conviendra de s’y atteler. Mais pas maintenant, seulement lorsque l’économie sera back on track. Encore une fois, les faits lui donnent raison. L’Amérique fonctionne effectivement avec des installations et des voies de communication hors du temps, indignes d’une puissance économique telle que celle-là. Seule possibilité de dégager le pays de l’ornière: créer des emplois.
N’en déplaise à d’aucuns, bien qu’endetter encore plus un État en faillite virtuelle puisse paraître complètement suicidaire, il convient en même temps d’apposer un regard on ne peut plus lucide sur l’Europe. Les programmes d’austérité mis en place sont un échec total. Derrière le langage soporifique et imbuvable des politiques, l’Europe se noie.
Contrairement aux États Unis, l’Europe s’enfonce dans la récession et les dettes de ses États ne font qu’augmenter (ne devraient-elles pas finalement se stabiliser au vu des « mesures » prises?). Pas un État où les mesures d’austérité ont été mises en place n’est parvenu à équilibrer son budget. Déficits chroniques, augmentation du chômage et de l’endettement sont l’expression d’une politique qui ne fonctionne pas. Et dans le genre, nous pouvons remercier l’Angleterre de nous montrer que quand des imbéciles sont en même temps au pouvoir de l’État ET de la banque centrale et qu’ils agissent de concert à s’auto-annihiler, cela nous donne une troisième récession en quelque temps. A pleurer je vous dis. Et dire qu’ils possèdent leur propre banque centrale…
Les politiques d’austérité sont un échec. Elles mènent les Européens dans l’abîme. Sans croissance, aucune chance de se débourber. A chacun son truc. Le point positif, c’est que les Européens n’ont plus qu’une seule carte à jouer s’ils se maintiennent dans cette aberration: la lutte contre la fraude fiscale, sujet délicieusement brûlant depuis quelques jours.
Finalement, c’est peut-être grâce à leur incompétence et leur bêtise que les paradis fiscaux seront enfin abolis. Donc en fin de compte, j’en tire la conclusion que même un être qui agit de manière idiote peut rendre service à l’Humanité tout entière.
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