Les chiens aboient, mais la caravane ne passe pas

Certains chroniqueurs s’amusent à relater chaque jour l’actualité économique. Quel mérite ! Quant à moi je me dis que si j’écrivais tous les 6 mois ce serait suffisant, tant on nage dans la panade depuis 10 ans. Dernier non-événement ? Le discours de M. Draghi qui s’en va en retraite, à moins qu’il ne décide de remettre son tablier pour aller conseiller Goldman Sachs. Sait-on jamais. Hier qu’a-t-il dit ? Il baisse les taux, il achète pour x milliards d’obligations sur le marché et il fixe des taxes aux banques. Voilà c’est dit, aussi simple que cela. Son annonce a fait l’effet du 7ème café pris dans la matinée, c’est-à-dire pas grand-chose.

Autrement il y a M. Trump, notre Dieu à tous, qui s’exprime comme on le lui a appris. Tantôt il hurle, tantôt il câline. Ou alors défenestre de la White House tous ceux qui osent le contredire, ne faisant aucune différence entre les gentils et méchants. Autre chose à dire ? Nada. Le grand vide. Sauf le Brexit et encore. Mais là également la seule chose que l’on sait, c’est que l’Angleterre a choisi de devenir une puissance immobile tout en s’autodétruisant. Quitter l’Europe est impossible, comme un pull en laine que vous tentez de détricoter. On peut reprendre un bout de manche, ou le col, mais pas l’ensemble du pull. Encore faudrait-il savoir qu’un pull en laine ça se tricote, et là ce n’est pas forcément gagné. Ni Instagram ni Facebook n’en fabriquent en pressant sur une touche de l’iPad…

Pour en revenir à la bourse merci pour elle elle se porte très bien, agissant comme une araignée suspendue au plafond. On sait qu’un jour elle va se décrocher du mur mais on ne sait pas quand. Les banques centrales ont épuisé toutes leurs cartouches – même si elles disent qu’elles disposent d’autres « outils » – et il n’est plus rien qui puisse être inventé pour sortir du fossé. On reste au fond, on nous balance de la nourriture et de l’eau. On survit. Mais on n’arrive pas à remonter le fossé. Pour remonter du fossé, il faudrait de la croissance, que chacun veuille bien s’équiper à double ou à triple de tout ce qu’il possède déjà. Ce qui me frappe dans cette vision du monde, c’est que le monde n’est plus prêt à vouloir jeter, remplacer, s’ankyloser de matériel qui ne sert à rien, style une troisième tondeuse à gazon. La tendance est plus à vouloir réparer, entretenir, prendre soin, moins jeter. Je ne sais pas si le monde politique a déjà intégré cela mais je ne crois pas. Ils n’ont pas encore saisi que le mot « croissance » se veut pieux et que c’est l’ensemble du fonctionnement du système qui est à adapter.

Quand j’étais gosse les bouteilles de lait étaient en verre. On les ramenait au magasin pour les remplir à nouveau. Aujourd’hui on jette le berlingot. Au foot, on utilisait des gobelets lavables (et sans consigne) pour boire le thé à la mi-temps. Aujourd’hui on réussit encore à trouver des clubs qui utilisent des gobelets jetables, même chez les vétérans. Hier on raccommodait les habits, on les faisait durer. Aujourd’hui on les jette au moindre petit trou. Hier on allait chez le cordonnier. Aujourd’hui on est content de contempler ses semelles usées pour pouvoir en commander de nouvelles. Aujourd’hui ? Vraiment ? En fait plus tant que cela car nous sommes en train de revenir en arrière… C’est ce qu’on enseigne aux enfants aujourd’hui. Et ce que montrent toujours davantage les parents. Donc la croissance… la dette…, ce serait revenir au tout-jetable alors que nous prenons exactement le chemin inverse. L’être humain recherche des produits propres, durables, respectueux. Cette tendance s’exprime dans je ne sais combien de domaines. Et que font les politiques ? Ils s’agrippent au passé, de toutes leurs forces. Plus les jours passent, et plus on s’éloigne de la solution.


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