Hollywood ça existe toujours?

La tentation reste le pire ennemi de tout citoyen qui atteint un certain niveau de notoriété. A un moment donné, dès qu’on se retrouve comme un poulet grillé par la lumière des plateaux-télé, on ne peut plus faire autrement. A force de se faire inviter sans arrêt, on finit par accepter. D’abord on accepte quelque chose de parfaitement banal, comme voir un match de foot très emmerdant de Super-League avec son banquier qui doit absolument remplir la loge payée trop cher pour nous montrer combien il aime notre argent. Et puis ensuite tombe une invitation pour aller passer un week-end complet à St-Moritz dans un palace, ou au Golf à Montana. On refuse une fois, deux fois, et puis à la fin on se dit: « Et pis merde, pourquoi les autres et pas moi? ».

Le politique genevois qui a jusqu’à présent tout fait juste dans sa carrière vient de péter en plein vol, comme un poulet bourré l’hélium. Même s’il est blanchi, même si l’on parvient à prouver qu’il n’a rien fait de mal, le mal est simplement fait. Il a perdu la confiance et en politique, lorsqu’on a une casserole au cul, on est simplement fini. S’il est reconnu que l’absinthe fait perdre la boule, il serait peut-être utile de rajouter le mot « pouvoir » dans une liste d’alcools qui font déraisonner ceux qui y touchent. Rares sont les politiques qui à un moment ou à un autre savent garder la route, ne pas se disperser, ne pas passer leur temps à répondre à des invitations qui ne sont là que pour une seule chose: les corrompre.

Si le thème de cette chronique fait un clin d’œil au cinéma, je dois reconnaître que le sujet reste et restera un grand classique qui marchera toujours. Lula est mort. Les Bush aussi. On ne parle pas de Russie, ni des oligarques émigrés en Angleterre pour la douceur du climat. Un jour, il y aura toujours un réalisateur qui sortira un film basé sur une histoire de magouilles. Et ça, ça fera toujours vendre. Voir à quel point l’être humain est con, comment à un moment donné il se prend les pieds dans le tapis. Avec encore et toujours la même recette qui fonctionne: attendre tranquillement que le fameux sujet commette lui-même l’erreur qui le précipitera dans la fosse à purin.

Bon en même temps, pas certain que Spielberg ou Eastwood s’intéressent un jour à la politique genevoise (faut avoir envie…). Mais le scénario est exactement celui qui rend tout à coup des films absolument passionnants. Un mélange d’intrigues, d’enquêtes, de faits dissimulés, de pur hasard en termes de rencontres aussi. Dingue ce qu’on peut être con parfois, comme lorsqu’on remonte dans sa chambre d’hôtel et que comme par hasard, un duo de poulettes court vêtues a justement choisi de faire papote dans le couloir qui mène à votre chambre. Bien sûr que c’est certain. Si elles se trouvent plantées là, c’est simplement le hasard qui les a envoyées. Et si vous choisissez de les faire entrer, c’est encore une coïncidence si justement elles rêvaient de pouvoir goûter un thé glacé dans votre piaule. Et si le truc sort dans les journaux, un jour, vous direz à votre femme: « Mais comprends-moi chérie, elles voulaient vraiment du thé glacé et je n’en pouvais rien si elles se trouvaient là par hasard. Et bien entendu, je te le jure: nous n’avons fait que passer quelques minutes ensemble car nous avions tous soif! » Le degré de confiance de Madame même si rien n’est prouvé? Comment dire…

Le cinéma se poursuit via la Chine et les States. Mnuchin (toujours aussi imprononçable ce truc) a annoncé que la guerre commerciale aboyée par son patron n’aura pas lieu. Sans blague. Un rebelle comme Trump agit toujours ainsi: d’abord il dégaine, tue tout le monde, et ensuite il discute avec ceux qui ne sont pas encore morts. Dorénavant à la Maison blanche, c’est canard laqué chaque jour et à Péking, ce sera burger-frites-Coca même au ptit déj. Les marchés n’ont pas attendu pour fêter tout cela. Ils sont en hausse. On ne parle plus d’inflation, ni de pétrole d’ailleurs puisque cette fois c’est certain, le baril ira à 300. On ne parle plus que de ça: la grande fraternité naissante entre deux puissances qui désormais s’adorent jusqu’à la prochaine fois. On passe à autre chose? En fait il n’y a rien à dire, comme quand vous décidez de cuire un gâteau. Il n’y a plus qu’à attendre qu’il soit cuît.


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