Immobilier : c’est la débandade qui s’approche

| Billet invité | Piqûre de rappel si vous me permettez, pendant qu’un grand nombre d’entre vous se prélasse au soleil alors que volte-face ne se repose JAMAIS, aux aguets, constamment sur la brèche, à l’affut de tout ce qui peut être important sur cette Terre comme par exemple les transferts dans le foot suisse, ou alors de se dire que dans deux mois le championnat de hockey reprend ses droits.

L’immobilier arrive en bout de course et cette fois-ci je ne prédis plus rien, car les faits sont là. Les fonds immobiliers, qui ont offert des rendements pharaoniques durant des années, en ont terminé de jouer les valeurs refuge. C’est simplement sauve qui peut. Les agios de ces derniers s’effondrent littéralement à un pourcentage à deux chiffres depuis le début de l’année. Et ça va continuer jusqu’à ce que l’on parle enfin à nouveau de disagio. Deux raisons à cela: premièrement, la bourse monte et continue de monter. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter. Deuxièmement, les prix de l’immobilier plafonnent de plus en plus alors que les rendements affichent des rendements affligeants. En Suisse, l’arc lémanique s’effrite de plus en plus. Oh rien de grave encore car seuls les biens chers sont cette fois-ci sévèrement touchés. Mais le verre est dans la pomme. L’eau qui se déverse dans la première coupe de champagne s’est à présent déversée dans les coupes suivantes. Les projets immobiliers qui sortent de terre sont en outre parfaitement déprimants pour tout investisseur ou acheteur. Attitude typique de fin de cycle, les promoteurs croient qu’ils peuvent faire plus ou moins n’importe quoi, n’offrir qu’une qualité style « entreprise générale », et par ailleurs offrir un rendement qui rendrait dépressif tout fidèle acharné de la méthode Coué.

Regardez le nombre de projets immobiliers qui sont en rade et ne trouvent pas preneur. On commence à voir des complexes entiers en publicité (et pas forcément dans l’arc lémanique) dans les journaux alors qu’il y a un an encore, le permis de construire n’était pas encore délivré que le projet était déjà survendu et que les acheteurs potentiels rivalisaient d’astuces pour « être dans le train ».

Fort heureusement pour le citoyen lambda les taux resteront bas et pour longtemps encore. Le seul problème qui fait tiquer les promoteurs c’est que justement le citoyen ne peut plus payer. 10% de fonds propres en cash… pas facile et ça se sent clairement cette fois! Certaines banques, celles qui sont le plus créatives et en même temps très débiles, profitent d’octroyer ces fameux 10% de fonds propres sous la forme de petit crédit. Mais pscccchhhhht… c’est un secret bien gardé que personne ne sait.

M. Weber a raison. On a bousillé le paysage suisse depuis 15 ans. On a construit n’importe quoi, n’importe où, on a défiguré la beauté de certaines régions en bâtissant des HLM absolument horribles tout en réussissant à saucissonner par tranches ces biens qui ressemblent plus à des prisons qu’à des appartements. Très chers biens payés à prix d’or par des gens pas forcément initiés mais qui, forcés de quitter un logement dont le loyer n’était plus abordable, vont malheureusement comprendre d’ici à quelques années que l’argent investi n’était pas forcément un bon investissement. Ils auront payé cher pour un bien qui ne le vaut intrinsèquement pas. Ils n’auront pas payé leur bien. Ils auront payé un prix du marché à un moment donné. Malheureusement en pleine bulle.

L’avenir c’est quoi? (je sais on aime bien que je prédise l’avenir car je ne trompe pas depuis 2008… et pourtant ça arrivera bien un jour je ne le sais que trop bien donc pour l’instant je continue de rigoler). L’avenir de l’immobilier se dessine par la cascade. Si l’effet est clairement sensible dans les régions « chaudes » de Suisse, l’impact concret dans ces régions restera moindre. En revanche, lorsque le verre de champagne commencera à se remplir dans les régions périphériques, là ça fera mal. Très mal. On aura payé beaucoup trop cher pour ce que c’est. Et c’est bien de là que le grand danger viendra. Car les mêmes banques qui auront été noyées par les promesses fabuleusement soudaines de grand développement à venir seront les premières à vouloir corriger leurs valeurs lorsqu’elles se diront enfin: « mmmmmhhhhh… là je crois bien que nous devons réestimer nos investissements… ». Les valeurs des biens chuteront, les banques feront des appels de marge et augmenteront leurs taux. Pour quand? C’est encore un peu tôt pour le dire. Il faut « confirmation » que le marché se retourne bien, c’est à dire que tout le monde en parle dans les journaux depuis des mois. Et puis, annoncer à son Directoire que passer des provisions devient nécessaire n’est jamais agréable. Car c’est admettre qu’on mal bossé! Donc pour les aveux on repassera. Comme d’habitude, on tentera de taire et de cacher le problème le plus longtemps possible…


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