Cela fait quelques mois qu’ils nous envoient des signaux de fumée mais nous n’avons pas encore mesuré à sa juste valeur l’enseignement donné depuis 2008 par cette incroyable péninsule de l’Atlantique Nord. Au bord du gouffre il y a trois ans, l’Islande nous montre par l’exemple qu’il vaut mieux laisser les banques privées faire faillite plutôt que de faire supporter l’entier du poids de la crise aux contribuables.
Confrontée à une faillite brutale de son secteur bancaire en 2008, l’Islande a tout d’abord décidé de nationaliser ses banques et de rembourser leurs pertes, à raison de sommes équivalentes au 40% de leur PIB annuel jusqu’en 2024. Cependant, face à cette collectivisation des dettes bancaires, les islandais ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont décidé de sortir les casseroles*. Face à cette révolte populaire et sur la base d’une pétition signée par 1 habitant sur 5, le gouvernement islandais à décidé d’organiser un référendum populaire pour avaliser ce plan de remboursement. Dans un élan magnifique de courage et de solidarité, le peuple islandais a refusé ce texte à 93%!
Peut-on demander aux gens ordinaires – les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières – d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ? Cette question, qui fut au cœur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens.
Olafur Ragnar Grimsson, Président de la République islandaise, Octobre 2010
Un précédent qui effraie les marchés financiers
Corollaire de cette révolution silencieuse (ou en tout cas passée sous silence…*) et surtout pacifique, le pays s’est également lancé dans une refonte de sa constitution et prévoit une nationalisation de ses ressources principales ainsi que l’élaboration d’un nouveau contrat social. Une autre voie est donc possible et elle vient du froid!
Pour conclure, il faut encore ajouter que tout cela a été rendu possible par le fait que l’Islande possède sa propre monnaie (la couronne) qu’elle a pu dévaluer pour atténuer les effets de la crise et stimuler ses exportations. Toutefois, cela n’est rien face à la mobilisation, à l’intransigeance et au courage du peuple islandais, sans qui rien de tout cela n’aurait eu lieu.
« Là où tous les autres ont renfloué les banques et laissé les citoyens en payer le prix, l’Islande a laissé les banques aller à la faillite et a, en fait, augmenté son filet de protection social »
Paul Krugman, prix Nobel d’économie dans le New York Times.
*Référence aux casseroles utilisées par les islandais pour accueillir les bankster à leur travail durant plusieurs mois, d’où le nom de « révolution des casseroles ».
En savoir plus:
- Article très fouillé sur le site des économistes atterrés.
- Crise financière islandaise sur wikipédia
- Et je ne résiste pas au plaisir de vous proposer la lumineuse explication de Frédéric Lordon sur la nationalisation des banques…. à voir absolument ci-dessous!
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