Banques: la vertu de la fierté

| Billet invité | Personnellement, j’apprécie particulièrement ne jamais rien lire au sujet de ma banque. Je me méfie comme de la peste de ces patrons-génies de la finance qui se délectent à communiquer leur réussite. « Regardez les résultats. Voyez comme ils sont bons! » Et depuis quelques années, ce sont toujours un peu les mêmes qui régulièrement vantent leur réussite au travers des médias.

A la fin des années quatre-vingts, juste avant l’éclatement de la bulle immobilière, on retrouvait exactement le même scénario. Les grandes banques s’amusaient entre elles à chat perché, à qui mangera qui. Les banques cantonales, certes pas toutes, excellaient dans les financements hors cantons. Ces mêmes banques cantonales étaient alors dirigées par des patrons qui adoraient être pris en photo et qui se prenaient pour Dieu le père. On a vu ce que ça a donné dans certains cantons. Comme par hasard, ce sont ceux qui durant des années n’ont cessé de claironner leur succès qui sont passés à la trappe. Certains trouvant même refuge dans le suicide.

Le parallèle avec aujourd’hui? A vous de juger. Les banques cantonales, qui soit dit en passant devraient étudier un changement de nom, n’ont plus rien de cantonales. Devenues pour beaucoup d’entre elles de simples sociétés anonymes, elles opèrent généreusement de juteuses affaires hors de leur base. Tiens donc… c’est justement ce qui a causé de gros problèmes au tout début des années nonante. Les risques n’étaient plus maîtrisés. Car investir hors de ses bases lorsqu’on n’a aucune idée des prix locaux peut se révéler périlleux.

Un autre groupe suisse, Raiffeisen, jouit d’une croissance assez extraordinaire depuis dix ans. La banque des paysans a investi les villes, avalé les clients mécontents des grandes banques, comme Postfinance d’ailleurs. Pour quel genre de croissance? L’avenir nous le dira. Souhaitons ensemble que Raiffeisen n’ait pas oublié ses origines terriennes. La Banque cantonale de Fribourg capte aussi l’attention depuis de nombreuses années. Directeur charismatique, croissance soutenue, rentabilité optimale, satisfaction des employés. Tout y est. Même Bulle s’est mise à faire de l’ombre aux grandes villes avec son formidable boom immobilier.

Le retour du marché immobilier se profile toujours plus. C’est là que nous saurons enfin comment les établissements qui auront surperformé auront travaillé. Car si le remake des années quatre-vingts devait se rejouer, les médias sauront se rappeler de tous ceux qui adoraient être dévorés par les flashs.


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