Du pain qui se multiplie

Les médias en font leurs choux-gras. Tout ce qui est « papers » allèche et révolte en même temps. Un professeur californien a chiffré à 350 milliards de dollars par an le manque à gagner fiscal de la planète (il est super informé le mec). Il semble que l’évasion fiscale, moralement répréhensible mais parfaitement honnête selon tous un tas de juridictions très agréées, conserve une place de choix dans notre monde. Sans blague. C’est en deux mots ce que nous apprend le scandale des « Paradise papers ». Tout le monde joue au « ah bon ça existe vraiment? » alors qu’en réalité tous ceux qui décrient tout en haut ce système connaissent quelqu’un qui trempe là-dedans. Enfin peut-être pas tous…

Côté nouvelles ça continue de décoiffer. L’économie carbure sereinement avec un bel horizon dégagé et les entreprises encaissent tellement de pognon que tour à tour elles se lancent dans des programmes de rachat d’actions. En clair, nous payons à peu près tout trop cher pour mieux permettre aux entreprises de répartir leurs richesses dans les poches des plus riches. Le système est ainsi et il ne changera pas, tant que l’argent coule à flots et que les taux restent collés au plancher. La dette mondiale? Tout le monde s’en fout complètement. Pour le moment, autant s’endetter et jouer à fond le levier. On emprunte gratuitement et on démultiplie cet argent dans des paris divers, ou « prises de participations » si vous avez envie de paraître intelligent lors de votre prochaine réunion de famille. On tourne simplement à plein régime un peu partout et personne ne se soucie plus de rien, hormis le match que la Suisse doit jouer en Irlande.

Le pétrole poursuit son petit bonhomme de chemin et s’en va gentiment tutoyer le seuil des USD 60.00 le baril. Tiens? Ça devrait faire les affaires des banquiers centraux qui pourront justifier, si la tendance se poursuit, une « reprise durable de l’inflation ». Donc en clair adaptation progressive des taux avec ce que tout le monde redoute un peu à terme: un renchérissement du crédit. Dans un autre monde, un monde devenu presque normal, nous assistons toujours davantage à des tueries aux quatre coins de la planète. Ces assassinats ne nous font même plus réagir. Le lendemain on rouvre la gare de métro comme si de rien n’était et la vie se poursuit. Il existe encore un tas de sujets qui pourraient passionner mais qui enquiquinent plus qu’autre chose. On choisit donc de ne plus en parler. Quid du scandale du diesel? Cela fait déjà deux ans que j’ai troqué ma Golf pourrie contre une voiture qui pollue mieux et je ne suis dans aucune class-action destinée à me faire entendre chez VW. Personne n’a intérêt à que tout soit révélé au grand jour, un peu comme avec Swissair. Cela fait 20 ans que je reçois des courriers recommandés du liquidateur de la défunte société pour me dire que la liquidation se poursuit. 20 ans qu’on m’écrit ça! Pour le diesel c’est tout pareil. On va traîner en longueur. On va épuiser les petits. On va continuer de leur faire croire qu’ils ont des droits. Sauf qu’entre-temps tout le monde aura déjà changé 3 fois de voiture et qu’il faudra écrire quelque chose sur son testament pour que nos enfants se rappellent qu’il existe peut-être encore quelque chose à aller récupérer.

La bourse? Elle grignote son petit-pain, toujours un peu plus, et nul ne sait quand ce feu d’artifice s’arrêtera. Pour le moment tout reste au vert, même si ces jours le marché semble vouloir s’accorder le droit de faire une pause avant l’hypothétique rush de fin d’année. Enfin je dis ça je dis rien car je vous rappelle qu’historiquement octobre aurait dû nous faire plonger dans les abysses d’il y a 30 ans. Ce qu’il y a de drôle, c’est que plus personne ne nous parle de tous ceux qui nous ont martelé, depuis l’été, qu’il fallait cette fois-ci vraiment se méfier de l’automne… Qui aime pisser contre le vent?


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