Un peu de froid réalisme?

On parle beaucoup de Nestlé ces jours. Une entreprise florissante qui me rappelle un discours presque trentenaire d’un ancien chef que j’ai eu. Il disait aux clients: « Vous pouvez acheter Nestlé à n’importe quel prix, n’importe quand. Sur le long terme, c’est entre 4 et 5% de rendement garanti ». Je n’ai jamais oublié ses dires qui se vérifient encore aujourd’hui.

Nestlé vient d’annoncer un plan de rachat d’actions de 20 milliards de francs. Ça fait beaucoup d’argent. Les journaux parlent des actionnaires qui verront leurs titres prendre de la valeur. Moins de titres en circulation, puisque Nestlé en détruira, égal plus de valeur ajoutée pour les titres encore en circulation.

Jusque là tout est simple. Ce que les journaux ne disent pas, c’est qu’en fait ce genre d’opération ne devrait jamais avoir lieu. Car dans les faits, cela veut dire que Nestlé gagne tellement d’argent qu’il ne sait plus quoi en faire. Cela veut dire encore que les prix facturés sur les biens que Nestlé vend sont surfaits, que les marges sont trop grandes puisqu’ils ne parviennent plus à réinvestir l’argent gagné. Et qui achète les produits Nestlé? Ce sont bien entendu les 1% des plus riches au monde, mais aussi le 99% des autres, comme vous et moi, c’est-à-dire à cette échelle-là les pauvres. Et comme les riches ne peuvent pas consommer, donc je dis boire ou manger, plus que vous et moi, cela veut dire que c’est essentiellement les pauvres qui favorisent l’excès de cash de Nestlé. Et à qui profite l’excès de cash? Aux riches. Car ce sont les riches qui sont actionnaires de cette société.

Nous parlons souvent de répartition des richesses. Nous en sommes complètement éloignés. Si la volonté était vraiment de répartir les richesses, on baisserait les prix à la consommation et on éviterait de redistribuer le surplus aux riches. Donc c’est la claque dans les deux sens. Les pauvres sont plumés, et en même temps les riches ont les poches qui traînent par terre.

Dans le système actuel, tout est fait pour que les pauvres continuent de rester pauvres. Tout est fait pour qu’ils continuent de financer le 1% des plus nantis. C’est ainsi. Et si j’aime bien reprendre l’exemple du Titanic, qui comportait 3 classes de cabines et qui a sombré il y a plus de 100 ans, je ne vois aucune raison de me réjouir. Nous en sommes toujours là. Les pauvres sont entassés dans les dortoirs des cales, sans fenêtre. Et les riches boivent du Brandy sur le pont en écoutant l’orchestre. Le brandy? Payé par les pauvres!

 


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