Dévaluons tous ensemble!

La course est lancée. Sans fin. « Ah tu dévalues ta monnaie?? Attends je vais en faire de même… ». Telle pourrait être la maxime qui prévaut en ces temps de « dévaluation compétitive ». Je suis effaré de constater qu’il n’existe en fait aucun échappatoire à toute cette énergie convergente. Tout le monde ne veut qu’une chose. En l’absence de croissance, avec les Chinois qui ne carburent plus à rien du tout, tous les pays qui peuvent le faire tentent de dévaluer leur monnaie le plus possible. Le but officiel? Favoriser les exportations en réduisant le taux de change. Le but que l’on nous cache? Juste éviter au pays de ne pas sombrer dans la déprime et la dépression. Eviter que le chômage n’augmente encore. Sauver les meubles…

Ce qu’il y a d’intéressant dans la période que nous vivons, c’est que la planète entière fait la même chose. On veut tous réduire en même temps le prix de nos exportations, ce qui pousse en même temps les autres à en faire de même. Donc c’est: « Plus tu dévalues, plus je dévalue ». Et la bonne question est celle-là: mais où cela nous mènera-t-il?

Il n’existe à l’heure actuelle personne pour émettre quelconque prévision. Car à bien y regarder, les effets de la « dévaluation compétitive » s’annulent purement et simplement vu que tout le monde fait la même chose en même temps. Donc rien ne s’arrange vraiment. C’est comme si nous étions tous entraînés en même temps dans un siphon. La croissance peine un peu partout dans le monde et le chômage reste horriblement élevé. Même en Europe il devient difficile de trouver un article parlant de ce fléau. Les commentaires savamment distillés dans la presse font essentiellement état de bonnes nouvelles, depuis en fait que Draghi a lancé son QE. On nous met de la poudre aux yeux en nous annonçant que les voitures se vendent bien. Que l’activité économique reste modeste mais que son évolution est encourageante. Et le chômage alors? Et les budgets des Etats? Et l’endettement de ces derniers? Alors non de tout cela on ne parle plus. Simple politique de communication.

Il reste bien entendu des pays qui se portent mieux que d’autres. La Suisse par exemple. Mais aussi l’Australie. Deux pays qui présentent des finances publiques saines et qui possèdent une administration efficace aux rouages bien rodés. Ces deux s’en sortent car ils peuvent compter également sur des peuples habitués à être précis, organisés, et qui sont bien guidés. Peut-être est-ce cela en fait la clé. Vivre avec des valeurs qui restent partiellement en dehors des politiques monétaires. Orienter son industrie vers des segments de base ou à très forte valeur ajoutée. Mais en l’état bien malin qui pourra dire comment tout cela évoluera. Peut-être aurons-nous besoin d’encore une génération pour y voir clair. Car depuis la fameuse crise des subprime, plus rien n’est comme avant. Nous nous trouvons simplement entre deux mondes. Entre un monde qui n’est bientôt plus et un nouveau monde que nous ne parvenons pas encore à distinguer.


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