Immobilier: pourquoi tout reste trop cher

Alors je suis chanceux car j’ai la chance de pouvoir travailler en montagne. Et de là-haut, je dispose d’une vue d’aigle sur une bonne partie de la Suisse. Le paysage? Merci pour lui il reste magnifique. Et il suffit de contourner Lausanne en voiture pour n’apercevoir que des grues. Ça construit absolument partout. Même où l’on ne devrait jamais rien construire. Mais les investisseurs disposent de tant de cash et parallèlement de placements qui ne rapportent plus rien, qu’ils sont prêts à plus ou moins payer n’importe quel prix pour construire des immeubles locatifs à peu près n’importe où. Les transactions se concluent en un temps record et les surenchères fréquentes. Tout le monde veut en même temps obtenir le même projet! Car les assurances et surtout les instituts de prévoyance sont aux abois. Si désespérés que si l’on devait leur proposer la construction d’un château médiéval en plein milieu du lac de Neuchâtel et qu’on leur dise que les personnages de Disney sont bien vivants et qu’ils souhaitent louer tout cela très cher, je ne suis pas certain que certains acteurs complètement ahuris par l’originalité du projet rejetteraient d’entrée cette proposition farfelue.

Au niveau du résidentiel il faut se méfier. Ça marche toujours et encore bien de ce côté-là. Même si les prix ont tendance à baisser un peu. Les taux bas continuent d’aider les privés à se lancer dans la grande aventure de devenir propriétaire. Et dans certaines régions comme le Valais, il y a maintenant pléthore d’objets sur le marché. So be careful…

Le marché immobilier reflète à n’en pas douter une Suisse dynamique, qui malgré le franc fort et tout et tout, continue de très bien se comporter. Mais il serait erroné de ne pas élargir quelque peu le débat. Car si la pierre fonctionne si bien, c’est aussi en grande partie car le reste ne fonctionne pas. Le reste? C’est la bourse. C’est les taux négatifs. C’est les matières premières. C’est l’absence quasi totale de rendement sur les valeurs mobilières. En fait, on peut parler d’un gigantesque transfert de richesse qui se fait. Et tout cela n’est absolument pas sain. Car la dynamique rayonnante exprimée par l’immobilier ne reflète pas un environnement économique normal.

Si on remplace le verre rose-bonbon de ses lunettes, on s’apercevra alors qu’on construit n’importe quoi. Les locatifs qui sont érigés proposent essentiellement des appartements de 2 et 3 pièces. Il semble que la « demande » pour ce genre d’appartements soit bien réelle, comme au début des années 1990. En réalité il n’en est rien. Les grands appartements sont délaissés non pas parce qu’ils ne plaisent plus ou que les gens recherchent du plus petit, mais simplement parce qu’ils ne peuvent plus se les payer. Et dans 20 ans, nous nous dirons tous: « Mais pourquoi a-t-on construit tant d’immeubles en périphérie comprenant de si petits appartements dont plus personne ne veut? »

 


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