Tout est pourri mais ça continue de monter

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai peur. Lorsque j’observe ces marchés qui sont complètement fous, boostés par toutes sortes de drogues, avec des profits d’entreprises qui dépassent l’entendement, je me dis que je devrais être content, que l’avenir s’annonce beau et rose de manière permanente. J’insiste sur le mot « permanent ». Car je ne vois toujours pas ce qui pourrait faire dérailler cette machine infernale. Les cours sont dopés par l’émission de dette qui ne cesse d’augmenter car elle est gratuite. En fait comme au Monopoly. Celui qui détient la banque et qui n’a pas l’intention de respecter les règles fait comme il veut et arrose de billets tous ceux qui en veulent. Il n’y a donc plus besoin d’attendre que la partie ait duré trois heures pour qu’enfin on puisse se payer les deux cases en bleu foncé. On peut les acheter tout de suite. Faut juste tomber dessus avant les autres…

D’un autre côté il y a tout un tas de petits signes qui puent. Je dis ça je dis rien. Tout un tas de petits signes qu’on ne veut pas encore voir. Par exemple les semi-conducteurs qui peinent à sortir des usines. Je corrige. Qui peinent à être acheminés aveuglément à n’importe qui – lisez les Américains et Européens. Les autos se vendent, mais pas bien. L’industrie française est particulièrement touchée contrairement à d’autres constructeurs. Il y a aussi tout un tas de scientifiques qui osent – oh sacrilège – avertir gentiment le monde en disant: « Avec vos voitures électriques non seulement vous aurez toujours plus de problèmes à obtenir des puces (la fabrication est centralisée en Asie et vous pouvez compter sur eux pour qu’ils choisissent de privilégier leur propre marché indigène, surtout si ça affaiblit la concurrence) mais en plus dès 2023 cela deviendra très compliqué de fournir des batteries ». En cause les terres rares, qui seront bientôt renommées « terres très très rares ». Je lis que VW construit des immenses usines en Allemagne pour produire des batteries comme tant d’autres constructeurs. Ça tombe bien car il y a toujours Amazon ou Zalando qui recherchent des locaux de stockage.

L’autre sujet qui préoccupe est le retour de l’inflation. Le prix des matières premières atteint des sommets depuis plusieurs mois, suffisamment longtemps pour que les entreprises ressentent la pastille. Pour le moment elles regardent, se posent des questions. Les résultats au T2 de plusieurs multinationales indiquent simplement qu’elles n’ont pas encore répercuté ces hausses sur les prix sur leurs produits. Les marges se tassent. Il suffit que l’une d’entre elles se décide à répercuter la hausse des prix sur ses produits pour que l’on glisse gentiment dans une hausse généralisée. Au vu du manque de terres rares, au vu de la rareté des matières premières et des prix qui augmentent, quelqu’un pourrait me dire comment on pourrait éviter l’inflation ? Alors perso je ne vois pas. Même Powell n’y pourra rien. Et comme il ne pourra pas monter ses taux de manière trop agressive on se dirige devant une sacrée pagaille. Bon il reste toujours une autre solution: on efface la dette des pays, on prend les pertes, on se fait la 3ème guerre mondiale, les survivants redeviennent pauvres et on recommence. Sauf qu’après ce sera pas pareil. On aura épuisé les dernières ressources de la Terre.

Pourquoi ça pue encore ? En raison de la pensée humaine, figée, qui ne veut pas se remettre en question sur la base d’une réflexion posée mais qui préfère attendre la souffrance ultime pour se bouger les fesses. Prenez l’industrie touristique qui continue d’espérer un retour à la normale. C’est toute une industrie qui suffoque au vu de la pandémie. C’est toute une industrie qui compte sur les gouvernements pour faire sauter les dernières restrictions de voyage, sous peine de disparaître. Je peine à constater ce que nous vivons en Europe et croyez-moi je n’en retire aucun plaisir. Alors non seulement ça crame de partout au Sud de l’Europe – comme si ça ne suffisait pas -, mais en plus il y a toujours plus de monde qui va rentrer à la maison porteur du virus alors que les hôtels sont au 2/3 vides. Et on appelle ça une vie, une perspective ? Est-ce que vraiment passer ses vacances sur la côte espagnole, toute bétonnée, entassés les uns sur les autres, est-ce que c’est vraiment donner crédit à ce que nous appelons le tourisme ?

Mais l’être humain fait pire encore. Aujourd’hui encore, il continue de construire d’immenses villes flottantes où 8’000 d’entre nous pourront s’entasser pendant des semaines et partager tous leurs virus, dans une nature éclatante, avec des toboggans qui font le tour des énormes cheminées Diesel du bateau. C’est vrai que ça donne envie. Vous pouvez me poser un million sur la table, me dire que je pourrai faire du patin à glace le matin et jouer au casino l’après-midi, danser toute la nuit en mangeant tout ce que je veux 24h24, je crois que je préfère me péter un pied et passer trois semaines avec la jambe en extension. Venise peut se réjouir, eux qui viennent de décider que ces gros bateaux devront accoster plus loin et que les passagers pourront aller visiter la ville en prenant le train. Dit comme ça c’est vrai que ça donne super envie. Venise vient de faire comme quand vous souhaitez rendre un vaccin obligatoire sans en avoir le mot. Vous restreignez les libertés pour les non vaccinés et pour Venise, vous indiquez aux gens que le train comporte 30 places assises et qu’il n’y en a qu’un par semaine.


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