Rééquilibrage tous azimuts… enfin presque

Le monde semble tomber de sa chaise au vu des révélations. Les révélations dont la presse raffole? Les catastrophes, et tout ce qui a trait aux scandales. Si la presse nous rapportait de bonnes nouvelles personne ne les lirait. Nous sommes déprimés. Et les déprimés, qui luttent chaque jour, aiment recevoir des nouvelles qui les maintiennent dans leur état. Rien de surprenant car tout le monde sait que ce sont les nécessiteux qui font tourner le monde. Sans eux, rien ne serait dépensé à crédit, tant en biens de consommation (illusion de bien-être) qu’en recherche perpétuelle de « produits » aidant à se sentir mieux.

Le monde semble tomber de sa chaise disais-je. Depuis quelques semaines, on se fascine pour les scandales sexuels qui font ombrage à nombre de personnalités haut placées. Sans blague. C’est le grand déballage actuellement et c’est dingue, on semble découvrir seulement maintenant que oui, les hommes de pouvoir disposent semble-t-il d’une telle cacahouète qu’ils se permettent certaines choses pas vraiment autorisées. Les riches ne disposent pas de cette aura. Eux, ils amassent des fortunes mais les frasques ne les fascinent absolument pas. Les femmes ne s’y trompent d’ailleurs pas trop car rares sont celles qui s’intéressent à un mec juste parce qu’il a du pognon, souvent vu comme un gros mou. Par contre, lorsque le mâle dispose d’un véritable pouvoir, là c’est autrement. Même tout fripé, moche et trop gros, un mec qui a du pouvoir attire la gente féminine.

Ce qu’il y a de moche avec les mecs qui accèdent au pouvoir pour la mauvaise raison (compensation d’une frustration vécue comme exutoire), c’est qu’ils se croient soudainement en-dessus des lois. Ils se permettent tout et n’importe quoi, ne reconnaissent plus vraiment de limite tangible. Leurs gestes déplacés envers les femmes sont répréhensibles et choquent mais ils n’en ont rien à battre. Ils sont certains d’être dans leur bon droit. La presse suisse se passionne pour une ou l’autre affaire de fesses qui aurait lieu sous la coupole. Il paraîtrait même que les soirées qui ponctuent de longues réunions de travail seraient en fait de gigantesques partys où l’alcool coule à flot. Un peu comme si tous ces gens oubliaient soudainement qu’ils sont mariés lorsqu’ils sont en service commandé, comme les militaires. Comme si ces gens, qui se croient mieux que les autres car ils servent des idéaux patriotiques, peuvent se permettre n’importe quoi. On découvre l’air hébété qu’en effet, et je me pince pour y croire, il y ait bien de la drague chez les tout-puissants.

La femme lutte depuis des décennies à vouloir être considérée. Quoi qu’on en dise, l’accès « tout en haut » ne leur est de loin pas encore facilité. Une femme qui souhaite gravir les échelons doit « prouver », en faire bien plus qu’un homme, même si de plus en plus de femmes décrochent des postes à responsabilité. Mais pour y arriver, elles doivent cravacher fort, faire usage non seulement de compétences, mais aussi de leur charme parfois. Encore un tabou dont personne ne veut vraiment parler. Et qu’on ne me dise pas que les promotions canapé n’existent que dans les fantasmes. Les hommes traitent encore les femmes de manière discriminatoire et les mentalités peinent à évoluer, malgré le battage médiatique. Les scandales à répétition, un peu partout sur la planète, finiront peut-être par avoir raison des mentalités qui peinent à évoluer.

L’homme quant à lui mène un tout autre combat. Si la femme aimerait bien pouvoir être considérée autrement que par la beauté de ses fesses, un homme aimerait aussi pouvoir être considéré d’une manière plus… féminine. Malgré l’évolution des mœurs, les pères qui choisissent de se mettre hors circuit pour élever leurs enfants sont encore et toujours vus comme des parias, des sensibles, des bizarres, des marginaux. Un homme, bien qu’ayant effectué de brillantes études, intelligent, à l’horizon dégagé et qui choisit de mettre sa carrière entre parenthèses, paraît aux yeux des employeurs comme quelqu’un de « sensible », ce qui tranche de l’image encore type d’un mec qu’on estime en droit d’attendre. Un homme, c’est fort, courageux, et surtout ça ne pleure pas.

La planète se trouve en rééquilibrage. Le climat nous joue des tours. Les femmes tentent d’accéder aux hautes sphères sans forcément devoir abuser du décolleté. Les hommes de pouvoir peinent, mais essaient d’apprendre à considérer une femme ambitieuse autrement qu’en l’imaginant à poil. Les hommes qui choisissent d’élever leurs enfants tentent d’afficher leur préférence sans risquer d’être discriminés. Nous vivons dans un monde en pleine mutation. Un monde qui se cherche. Un monde qui cherche à trouver une balance. C’est passionnant. Et pour conclure ce billet quelque peu décalé, je suis content pour les journaux. Ils vendent leur camelote à gogo mais soulèvent en même temps des débats de fond de par l’indignation rapportée. Ça fait vendre et je déteste cela car nous sommes ces rapaces qui nous précipitons pour lire tout cela. Mais en même temps ça fait réfléchir. La démarche du coming out effectuée par des pères qui se sentent oubliés, par des femmes qui se font mettre la main aux fesses dans un ascenseur, tout cela contribue à accélérer le rééquilibrage en cours.

Côté bourse en revanche pas question de rééquilibrage bien au contraire. La réforme fiscale aux USA est passée. Elle accentuera à l’avenir encore l’écart entre les riches et les pauvres. Les actionnaires s’en mettront plein les poches aussi puisque part belle est faite aux entreprises. Et en bourse, il faut faire presque exprès pour ne pas gagner de l’argent. Nous volons haut, très haut, et les marchés n’en sont absolument pas rassasiés. On en veut simplement plus. Et comme les States vont creuser encore un plus leur dette, devinez où va aller cet argent? J’en reviens presque à croire que la FED et les politiques se sont concertés. Car à l’heure où la FED commence à réduire la voilure et comme par magie, quelqu’un d’autre prend le relais pour porter la perfusion. Pour permettre au système de ne pas craquer. Pour l’amener encore plus haut, plus loin, pour retarder son effondrement.


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