| Billet invité | Mon miroir ne me trahit pas. Mon rasage terminé, je contemple les traits fins de mon visage. En m’approchant de la glace, je ne peux que me rendre compte de l’effet du temps qui passe. Ma peau devient flasque. Les rides qui jalonnent disgracieusement ma figure prennent toujours plus de place et surtout… mes sourcils s’épaississent de poils de sorcier que je m’efforce de cacher! A cela un seul remède: l’utilisation d’un mignon petit outil me permettant d’éclaircir cette broussaille! Plus le temps passe, et plus je dois répéter cette opération de cosmétique. Plus les années passent, et plus je prends conscience de la dégénérescence qui s’accélère. Je ne peux rien faire la contre. Toutes les astuces visant à tenter de cacher le fait que je vieillis sont appelées à prendre de l’ampleur, tant du point de vue de la diversité que du rythme d’utilisation.
« Fed pledges to act until it gets results » titre le Herald Tribune du jour. Comme annoncé depuis ce printemps sur ce blog, les Européens et Américains ont enfin lancé leur fameux QE3 (quantitative easing). Et presque ensemble… comme c’est chou! Ces programmes, dessinés sous toutes leurs formes et détenant chacun leur spécificité, ne se traduisent en fait que par de la vulgaire impression de monnaie. Du côté de la FED, afin de ralentir le vieillissement du visage de l’économie, on choisit à présent l’application permanente de mesures de soutien. La vénérable institution américaine annonce la couleur en décrétant qu’une application mensuelle d’une crème hydratante sera opérée. Plus question de prendre le risque de laisser se faner encore plus l’économie. Les sourcils seront également choyés. Une pince à épiler sera disponible en permanence sous la forme d’une promesse de taux zéro pour au moins encore trois ans.
Le manège tourne, tourne, tourne encore et toujours plus vite. On ne peut plus l’arrêter. Plus question d’effectuer un service d’entretien et de prendre le risque de laisser descendre les passagers. On avisera plus tard! Tant que les joyeux drilles sont assis, qu’ils ne vomissent pas ou qu’ils ne sont pas éjectés par le rythme effréné, que les boulons tiennent, la FED continuera à appuyer sur le champignon.
Comme de coutume, je m’arrêterai de commenter là ce qui se passe actuellement. D’autres intellectuels bien plus formés et qualifiés que moi s’en chargent abondamment dans la presse. Aussi me contenterai-je comme à mon habitude d’écrire ce qui se passera. Un exercice de prévision où bon nombre de savants qui dirigent ce monde n’osent pas s’aventurer, bridés qu’ils sont par leur position et leur excès de timidité.
La bourse s’enflammera. Il ne peut en être autrement. Nous vivrons des mois de folie complète, agrémentés de variations à la hausse complètement inhabituelles. La bourse américaine a pourtant déjà atteint un sommet plus vu depuis cinq ans. Rien n’y fera. Elle continuera son escalade vertigineuse. N’oublions pas que grâce à la dilution de la monnaie us, la valeur de cette monnaie de singe se désagrège à la vitesse de la calotte glacière arctique. Et puis il y a les élections américaines qui approchent et qui occupent la presse. C’est bien. On ne parle plus de trop de déficits, de problèmes de croissance. On croit dur comme fer que grâce à l’impression de monnaie, les dettes finiront bien par se réduire.
En attendant, le printemps 2013 nous attend de pied ferme. Alors que nous festoierons tout l’hiver à l’aube du gain facile, l’économie réelle prend déjà rendez-vous avec son destin. La récession guette l’ensemble de monde occidental, si ce n’est la dépression. Car confondre politique monétaire et politique budgétaire semble devenu le contexte préféré du monde économique. Aucune issue favorable à une telle pagaille. Le printemps 2013 se rappellera aux errances d’aujourd’hui, avec un chômage qui continuera de s’aggraver et une récession qui décidera de prendre ses aises.
Mais en attendant, profitons du moment présent. Contemplons notre visage redevenu pour quelque temps juvénile. Qui n’a pas rêvé de jeunesse éternelle?
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