J’assistais il y a peu à une brillante conférence donnée par mon maître à penser: l’écrivain belge Thomas d’Ansembourg. Lors de son exposé, et non sans une fierté légitime, l’auteur s’est plu à relever une remarque fort obligeante d’une de ses vielles tantes relative à l’éducation de ses propres filles. « Comme elles sont obéissantes », lui dit-elle. Et lui rétorqua: « Eh bien, qu’elles soient obéissantes est bien la dernière chose que je souhaite entendre! »
L’obéissance crasse et aveugle, cause du génocide orchestré par Hitler entre autres, a malheureusement encore trait de nos jours. Nous croyons encore que la relation humaine fonctionne essentiellement sous la forme domination – exécution. Nous obéissons au père, au maître d’école (quoique…), à l’entraîneur, au curé, au chef. Une vraie catastrophe. Nous continuons d’agir parce « qu’il faut », parce que le chef a dit que, parce que le dirigeant tout-puissant dit que la terre est rose, donc elle est rose… Et d’ailleurs, le chef a toujours raison non? Sans blague.
L’obéissance n’a que peu évolué dans les faits. Nous continuons d’enseigner pour la plupart d’entre nous des valeurs à nos enfants totalement dépassées. Pourquoi? Parce que l’être humain est ainsi fait. Il n’aime pas se remettre en question. Il n’aime pas évoluer. Il n’aime pas se réinventer. En revanche, il adore reproduire le modèle reçu, afin d’honorer la mémoire de papa et maman certainement. Et puis penser différemment dérange. L’afficher publiquement reste un exercice difficile et incongru. Très vite, on se retrouve isolé, sous les feux de la critique, persécuté. Et encore plus vite, la plupart des récalcitrants rentrent dans le rang très très vite… La pression peut être si forte.
Obéir, finalement, c’est plus simple. En entreprise et surtout en politique, il y le chef et les employés. Et sacrifiés sur l’autel de la rentabilité à tout prix, ils se taisent et obéissent, travaillent toujours plus vite et s’épuisent. Il est vrai que tant de chômeurs encore plus désespérés qu’eux attendent juste derrière la porte.
L’obéissance, laissez-moi en rigoler. Nous nous demandons comment nous avons laissé faire Hitler. Laissez-moi vous dire. Ce serait exactement pareil de nos jours. Les journaux couvriraient l’événement. Les gouvernements « condamneraient ». Et l’Histoire se répéterait.
L’obéissance, c’est la bourse également. Nous nous disons que si les experts prédisent que ça va monter encore (bon d’accord sauf les daubes telles que Twitter ou Tesla), nous allons les suivre, comme des débiles, comme des inconscients. Nous détestons nous faire notre propre opinion, prendre notre responsabilité. Nous préférons suivre, paître au milieu du troupeau, sans jamais lever la tête.
D’obéir nous avons choisi. Comme nous choisirons de sombrer ensemble lorsque ce foutu système financier tapera le mur. Nous obéirons, nous suivrons, nous paierons. Parce que le mot « courage » ne fait pas encore partie de nos valeurs. Certainement faute d’avoir suffisamment souffert et surtout, mais alors surtout, parce que nous avons tant encodé qu’il valait mieux vivre endormi plutôt éveillé.
Maître Draghi tout puissant nous a rassuré. Yellen nous bêle la même rengaine de mois en mois. Nous les suivons. Ce sont les Maîtres. Les seuls de notre monde. Obama et l’Amérique font ce qu’ils veulent. L’hégémonie de l’Amérique, c’est devant nous! Ils tiennent le monde à leurs pieds, par le pouvoir de la dette et de la monnaie. Reste Poutine, qui d’une main dit blanc et de l’autre noir. Et peut-être Roubini… Je plaisante. Mais il est tellement drôle dans ses prévisions qu’on pourrait presque se demander si en fait, ce ne serait pas le druide de demain. Puisque nous en recherchons perpétuellement un.
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