| Billet invité | L’illusion de notre monde est de croire que le destin se trouve dans les mains d’autrui. Illusion encore de nous amener à penser que d’un coup de baguette magique, les choses en cours peuvent changer du jour au lendemain. Illusion encore que d’imaginer que la crise de la dette engluant le monde occidental peut être réglée selon le mode de pensée actuel. Mon regard se tourne vers la France, pays merveilleux au riche passé qui malheureusement vit dans le passé, avec un peuple qui pense qu’en changeant constamment les hommes au pouvoir les choses s’amélioreront.
M. Mélenchon dispense son amertume en ruant dans les brancards des politiques en place. Soit. Bien entendu ni M. Sarkozy et ni M. Hollande n’ont fait tout juste. Bien entendu que M. Hollande inspire à lui seul la décrépitude du système politique actuel. Rien ne change. Rien n’évolue. Les promesses et les objectifs sont fixés alors que tout le monde sait qu’il n’en sera rien. Les rêves d’une vie meilleure sont répétés au peuple qui n’y croit plus. Et pourtant, le seul constat qui saute aux yeux est celui-ci: personne ne ferait mieux. Je suis en effet persuadé que c’est une chance d’avoir M. Hollande au pouvoir. Un homme mou, hors du temps, sans aucune vision. Qu’en serait-il avec un vrai Dirigeant? On peut se poser la question et M. Mélenchon ferait bien de s’en inspirer au lieu d’en appeler à la révolte. Car en l’état, il n’y a rien à faire. Les choses sont ce qu’elles sont. Les dettes sont là qui paralysent le pays. L’Europe est en place. Ou plutôt elle ne l’est pas. Rien ne fonctionne comme prévu. L’union bancaire ne se fait pas et les intérêts propres à chaque pays varient selon la latitude. Que pourrait donc bien faire un bon président d’un tel château de carte rafistolé de toutes parts?
Oui c’est une chance que M. Hollande soit au pouvoir. L’Europe vivra encore sous le joug de l’immobilisme et de la régression pour les dix prochaines années au moins si elle ne casse pas la tour d’ivoire dans laquelle elle a choisi de s’enfermer. Vouloir avancer en l’état n’est simplement pas possible. Personne ne ferait mieux que M. Hollande. Voter pour le changement c’est bien. Mais pour quel changement? Car les structures mises en place, rigides et dépassées, accompagnées d’une manière de penser complètement obsolète ne résoudra rien. On veut réindustrialiser l’Europe? C’est bien. Et que fait-on? On réindustrialise en mettant en place des robots surveillés par quelques personnes hautement qualifiées. Cela remettra-t-il les gens au travail? La réponse est non. Les ouvriers poursuivront leur quête désespérée d’un emploi en contemplant des usines ultra modernes équipées de machines dirigées par une classe aisée qui s’en met plein les poches.
Sans mise à plat des dettes, sans remise à zéro des compteurs, sans refonte de l’Europe, sans union monétaire, l’Europe ne peut pas fonctionner. Si la mise en place d’une politique d’austérité demeure un échec total, c’est bien parce qu’il conviendrait de faire exactement le contraire en temps de crise. Le problème, c’est que les gouvernements n’ont pas envie d’apprendre à compter, qu’ils sont surendettés et qu’ils ne peuvent plus s’endetter encore plus pour relancer la machine. Ce que nous vivons actuellement n’illustre que le résultat de tant d’années d’errance et il n’est plus possible d’inverser la tendance avec les bases actuelles. On est au bout du processus. Un processus qui a duré quelques dizaines d’années. Un processus dépassé qui arrive simplement à son terme. Et pour le moment, force est de constater que l’on n’accepte pas cela. On se bute à vouloir perpétuer un système qui doit être abandonné au profit du renouveau. Et le renouveau passe immanquablement par une redéfinition totale de la politique sociale d’une part et d’autre part par un effacement de la dette. Ce n’est que lorsque les politiques auront pris conscience de cela qu’un nouveau départ pourra être orchestré. Un nouveau départ dans la pauvreté mais avec la perspective joyeuse d’une création nouvelle, avec des règles de gestion strictes et des conditions claires à appliquer coûte que coûte.
Poursuivre la dérive actuelle choisie par l’Europe ne peut mener qu’à un lent appauvrissement des peuples, qu’à une stagnation au mieux. L’Europe est dépassée et poursuivra son déclin encore pour longtemps au profit du reste de la planète. N’en déplaise à M. Mélenchon. Lui non plus ne ferait pas mieux. Nager avec une pierre autour du coup, même pour un champion du monde, en revient à accepter qu’on n’atteindra jamais l’autre rive.
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