Une balançoire qui devient gentiment folle-dingue

Prenez deux enfants qui veulent jouer à la balançoire. Chacun s’asseye à un bout, bien calé dans son petit siège et hop c’est parti! L’ennui, c’est qu’un des deux a 10 ans, l’autre 5. Le plus petit d’entre eux gesticule tant et plus car lorsqu’il est en haut, il ne redescend plus, car trop léger. Deux solutions dans ce cas-là. Soit le plus lourd des deux qui prend un malin plaisir à rester scotché sur son petit siège s’enlève, et là ça risque de faire bobo pour l’autre, ou alors c’est maman qui vient contrebalancer de l’autre côté, ce qui crée à nouveau un beau déséquilibre.

Cet exemple banal et bien connu des parents d’enfants en bas âge illustre exactement ce qu’il se passe actuellement sur le marché des changes. C’est la pagaille! Le dollar s’est bien renforcé face aux émergents et les déséquilibres croissent à la vitesse des champignons qui poussent en ce moment un peu partout. Un soir en vous couchant vous ne voyez rien sur votre pelouse et au petit matin, comme par magie, vous vous frottez les yeux en vous demandant si ce que vous avez fumé le soir d’avant ne vous a pas endommagé le cerveau. Ensuite vous avez l’habituel bordel européen, épisode 432, saison 10, des turbulences qui animent une Europe qui ne fonctionne toujours pas et qui ne fonctionnera jamais sous cette forme. L’Italie reste ingouvernable et tout le monde a peur… de sa dette, monstrueuse, de toute façon impayable. Tout le monde sait cela mais ce qui ferait peur, au vu de la panade politique, c’est qu’un con décide qu’il est temps de ne plus l’honorer. Quant à l’Espagne, cela reste une poudrière dirigée par un parti corrompu et qu’on maintient au pouvoir histoire de lui tirer toutes faveurs possibles.

Ensuite vous avez la Turquie. La livre turque dévisse et la banque centrale ne peut rien faire. Inflation en hausse et taux élevés qui doivent être maintenus sous peine de voir l’épargne foutre le camp ailleurs. La Turquie est dirigée par un homme qui vit dans l’illusion du contrôle total, même de la banque centrale. Sauf que là ça lui échappe complètement. Tout bien importé coûte désormais un bras et l’économie s’effondre. Et le mec qui hurle au balcon comme un chien enragé en engueulant la méchante coalition internationale m’enfin y en a qui manquent pas de toupet! Ce monsieur a tout fait faux, en commençant par emprisonner tous ceux qui ne pensent pas comme lui, ensuite en voulant s’adjuger au fil des ans les pouvoirs sur tout. Les investisseurs étrangers n’ont pas aimé. Donc on ne fait plus rien, on rapatrie le pèze parqué là-bas et on investit ailleurs. Je sais je sais je vous la ressors un peu trop souvent celle-là: les dictateurs finissent toujours par s’autodétruire eux-mêmes en commettant la boulette de trop pour calmer leurs angoisses nocturnes. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

Autre pays qui suffoque: l’Argentine. On n’en parle plus depuis quelques semaines mais le thème va revenir. Un grand classique sud-américain. Et ensuite pour terminer vous avez le Venezuela. 13’000% et quelques poussières d’inflation et des problèmes d’impression de billets de banque. Tiens tu m’étonnes qu’ils n’arrivent plus à caser tous les zéros sur un seul bout de papier… Peut-être que certains Allemands ont conservé quelques brouettes dans leur garage… Cette chronique des changes affecte en ce moment les banques. Pourquoi les banques? Parce qu’elles se tiennent toutes par la barbichette. Hyper transparentes comme toujours (essayez donc de lire un bilan de banque et d’y comprendre quelque chose et surtout de tenter de savoir si leurs engagements sont à risque ou pas), les banques se tiennent toutes par la barbichette. Impossible de savoir où elles sont investies et quelles sont les contreparties. Les risques, gentiment trop multiples, énoncés dans ce billet fragilisent le tout. Car on se rend compte que ça pissote de partout, avec des devises qui jouent à la balançoire. En ce moment même d’ailleurs, il y a un petit gros joufflu qui est venu s’asseoir sur ma balançoire et je suis scotché tout en haut. La raison? Il porte une casquette avec l’impression CHF dessus…


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