Les riches adorent la dette publique !

À nouveau une émission très intéressante chez Frédéric Taddei mardi passé (29.11.11).  Intitulée: « Crise de la dette: et si on ne remboursait pas? »,  « Ce soir ou jamais » mettaient aux prises le démographe et historien visionnaire Emmanuel Todd, l’économiste Pierre-Noël Giraud et Jean-Michel Six, Chef économiste Europe de Standard & Poor’s. Cerise sur le gâteau, la présence de l’humoriste Stéphane Guillon.

Dans son long monologue initial, Emmanuel Todd affirme que la dette ne sera jamais remboursée et finira de toute manière par être annulée. Il s’insurge également contre la moralité répressive ambiante qui, toute entière est tournée contre les emprunteurs. Actuellement, le coupable c’est l’emprunteur ce qui n’est tout simplement pas vrai. Selon Todd, « les riches adorent la dette publique! ». Pour les riches, elle représente un truc formidable dans la mesure où l’ouverture et la liberté absolue des échanges internationaux a produit une montée phénoménale des inégalités ainsi qu’un tassement des revenus, d’où une nécessité d’endettement qui est donc fabriquée par ce système.

Cela a également créé un « terrible » problème pour les riches: que faire de tout l’argent dont ils n’ont pas besoin? Ils sont pris entre deux frayeurs, la frayeur de perdre cet argent et la frayeur de ne pas en gagner plus. Les riches ont donc besoin de prêter, les banques ont besoin de prêter. Le gonflement des dettes publiques est donc quelque chose qui a répondu à une attente. Pour lui, le « délire ultralibéral » a également réussi à baisser les impôts des riches pour lesquels on génère donc un surcroît d’argent tout en créant des problèmes financiers aux états, ce qui met les riches en situation de prêter à ces états. C’est un mécanisme délirant!

Pour les gens qui nous gouvernent, je ne sais pas s’il faut parler d’incompétence ou de folie collective? (E. Todd) Et Guillon de lui répondre « les deux ! ».

L’austérité va fabriquer mécaniquement une crise

Ce qui inquiète actuellement Emmanuel Todd c’est que les cures d’austérité vont augmenter la dette et provoquer une récession programmée. Il dénonce  également le fait qu’il faille aujourd’hui imiter l’Allemagne qui représente à ses yeux le « modèle rationnel qui est le symptôme de notre folie ».
Todd termine son discours en répétant que « l’emprunteur est toujours le plus fort car il a la possibilité de faire défaut », ce à quoi Taddei ajoute:

Quand on doit 1900 milliards d’euros (comme la France), on dort mal. Si on annonce qu’on ne les remboursera pas, c’est celui qui a prêté l’argent qui dort mal.

Les agences de notations sont des astrologues !

C’est la raison pour laquelle je passe allègrement sur l’intervention de Jean-Michel Six, chef économiste Europe de l’agence de notation Standard&Poor’s qui est parvenu dans un numéro assez fantastique à défendre les pauvres alors qu’il est le pur produit de l’oligarchie financière américaine… Je préfère donc plutôt m’attarder sur le discours de l’économiste Pierre-Noël Giraud qui nous indique que :

Le véritable problème de la dette européenne, c’est qu’il n’y a pas de gouvernement européen. Les Etats-Unis sont beaucoup plus endettés que nous et n’ont pas de problèmes majeurs. Le Japon est encore plus endetté que nous mais il l’est auprès des épargnants japonais, cela ne pose donc aucun problème. Nous payons des taux d’intérêts de plus en plus élevés car les investisseurs n’ont pas confiance dans la gouvernance de l’Euro. La véritable question est donc l’Euro et la véritable question de l’Euro c’est l’Allemagne. Si l’Allemagne veut sortir de l’Euro, il n’y aura plus d’Euro et il n’y aura plus d’Europe!

Pour lui, l’Allemagne a par deux fois tenté d’hégémoniser l’ensemble de l’Europe: de l’Atlantique à l’Oural et, par deux fois, elle a échoué grâce à l’aide de nos « amis américains ». L’Allemagne doit donc maintenant choisir entre l’ouest et l’est et il n’est pas du tout impossible qu’elle choisisse l’est, c’est-à-dire qu’elle fasse de l’ensemble de l’Europe de l’est ses colonies économiques tout en s’adossant à la Russie. Ceci lui permettrait d’avoir ainsi les moyens de faire face aux Etats-Unis.

Pour Giraud, les agences de notations sont des astrologues. « Le problème est que si tout le monde croit à l’astrologie alors l’astrologie devient vrai. On s’imagine qu’elles sont capables de prédire l’avenir dans un domaine où ce qui fait l’avenir est ce que pense les gens que l’avenir sera ».


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