Le vent, les biceps et le cheval

Plutôt que de lire tout et n’importe quoi ces derniers temps, plutôt que d’écrire encore et toujours les mêmes trucs sur la bourse qui n’a comme ambition rien d’autre que d’atteindre la lune – ou même Pluton ce serait encore plus loin -, je me suis un peu documenté sur le fameux tournant énergétique dont tout le monde parle. Pour faire simple, le mazout c’est mal. Le gaz « naturel » – j’adore le « naturel » – c’est mieux. Le chauffage à pellets et les PAC c’est l’avenir.

Du côté des voitures on va également bien rigoler, vu le tournant énergétique pris. On massacre la planète en creusant comme des fous pour aller tirer tous les métaux possibles, comme le cobalt, destinés à fabriquer les fameuses batteries qui alimenteront forcément de manière « propre » nos futures voitures, puisque le pétrole ce n’est plus trop tendance non plus du côté des véhicules.

J’ai également parcouru nombre d’articles sur Nikola, constructeur de camions électriques dont GM devait devenir actionnaire. Curieusement le deal ne se fera pas. Un camion électrique, ça doit avoir à peu près 12 km d’autonomie, et encore si on ne met pas le chauffage, qu’on n’écoute pas la radio et que la route est toute plate ET sans contours. On dirait que tous ceux qui ne jurent plus que par la voiture électrique ne sont jamais venus les tester à La Chaux-de-Fonds en plein hiver. Quand il fait froid, la batterie d’une voiture réagit exactement de la même manière que celle qui équipe votre téléphone portable. En hiver, ça ne fonctionne simplement pas. Et pour ceux qui en doutent je sais exactement de quoi je parle puisque je suis l’heureux utilisateur épisodique d’un de ces taille-crayons qui fait le bruit d’un foehn qui ne marche pas bien.

Plus j’y pense, et plus je me dis que nous sommes simplement en train de passer d’une source d’énergie à une autre, ni plus ni moins. En termes de chauffage, pourquoi donc ne parle-t-on pas de « mazout naturel » si l’on admet que l’on parle de « gaz naturel » ? Il n’y a aucune raison. Les deux sources d’énergie sont complètement naturelles puisqu’on les trouve dans nos sols. Les mines de cobalt ? Toujours aussi naturelles. Sauf qu’une bagnole électrique coûte la peau des fesses, qu’elle ne fait pas de bruit, qu’il faut une plombe pour la charger et qu’elle roule bien moins loin que n’importe quelle voiture alimentée par du diesel.

On pousse un peu la chansonnette ? Et quand il n’y aura plus de pétrole, plus de gaz, plus de cobalt, plus de lithium on fera quoi ??? La transition énergétique que l’on essaie de faire, elle ne sert juste à rien. Elle sert juste à tenter de prolonger quelque peu un mode de vie complètement dépassé, celui que nous adoptons depuis une petite centaine d’années rien de plus.

Mon arrière-grand-père vivait à Nusshof, non loin de Bâle. Dans son village, au début du siècle dernier, il n’y avait qu’une seule voiture au village: celle du médecin. Ma grand-mère, qui travaillait comme couturière en usine à Liestal, marchait en hiver chaque jour deux heures pour se rendre à la fabrique, et deux heures pour rentrer le soir. Lorsque ma grand-mère est venue s’installer à Tramelan, là où elle a rencontré mon grand-père, son père ne s’est déplacé qu’à trois reprises pour leur rendre visite car il disait: « Tu sais, c’est un long voyage de venir jusqu’ici et il faut beaucoup d’argent pour payer le train ».

Nous vivons dans un monde complètement artificiel. Les avions, les voitures, la source d’alimentation de tous ces moyens de locomotion sont simplement appelés à disparaître. Actuellement, tout ce que nous faisons, c’est prolonger l’agonie d’un système qui n’a plus lieu d’être, qui n’aura été qu’une simple parenthèse dans l’histoire humaine. Les voitures électriques sont mortes-nées. Et dire que les constructeurs en font leur ambition ça me fout les jetons.

Je crois encore de plus en plus que l’être humain n’apprend jamais rien. Regardez le WEF, forum qui réunit  annuellement les puissants de ce monde à Davos, grand village difforme soit dit en passant. Est-il déjà sorti quelque chose de sérieux de cette joyeuse gâterie ? Absolument rien. Aucune décision. Tout est fait pour que rien ne change. Plus je prends de l’âge, et plus je me dis que la seule chose qui freinera l’être humain dans sa quête de l’inutile sera la destruction complète de son habitat, lorsque la Terre décidera que c’est assez.

Côté bourse je me marre. Tesla vaut 6 fois VW en termes de capitalisation boursière. Le Nasdaq continue de voltiger tout là-haut et bat record sur record, jour après jour. Il n’est rien qui puisse stopper cette machine. Apple continue d’envoyer des mises à jour IOS qui bousillent votre portable histoire d’entretenir leur chiffre d’affaires. Amazon continue de tout péter en envoyant des cartons à travers le monde, au moyen de gros cargos qui eux ne fonctionnent pas vraiment à l’électrique. J’imagine qu’il leur faudrait un cargo remorqueur plein à craquer de batteries pour espérer qu’ils fassent juste le tour du port. Un jour et j’en ai bien peur, il restera le vent, l’huile de coude et les chevaux. Les marchés ? Ils sont complètement timbrés. Ils voltigent à une altitude complètement débile et sont portés par le simple espoir du vaccin anti-virus qui va tout résoudre. Les gens, et c’est un coup sûr, vont recommencer à consommer et à dépenser leur argent dans l’industrie de l’inutile. C’est ce que les cours nous disent. Sauf qu’il y a un sacré gap entre l’espoir et le réel. Pas sûr qu’on échappe à un méchant trou d’air entre les deux.


Commentaires

0 réponse à “Le vent, les biceps et le cheval”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *