| Billet invité | Le serpent qui se mort la queue nous vient-il d’Islande ? Est-il né dans ces contrées sauvages en défiant dame nature ? J’interromps immédiatement ce questionnement intérieur hasardeux car j’ai suffisamment été effrayé par les histoires des banques islandaises ces dernières années. Les banquiers islandais avaient tout compris : ils ont réussi durant des années à multiplier les bonnes affaires et à afficher des taux de croissance insolents.
Ils n’avaient pourtant rien inventé. Ils empruntaient de l’argent à court terme pour le replacer à long terme. Mais lorsque les marchés se sont retournés et que les liquidités sont devenues rares, les banques se sont retrouvées soudainement à ne plus pouvoir renouveler leurs emprunts à court terme. Les banques ont ensuite fait appel à l’État qui a dit : « Niet. On ne vous aidera pas. » Et les banques ont fait faillite.
En Europe rien de tout cela. Les pays européens fanfaronnent actuellement car le taux de refinancement de leurs emprunts à court terme (tiens donc) s’affiche en baisse. A chaque fois, les communiqués officiels font état du « succès » des opérations de refinancement, la demande excédant à chaque fois l’offre. Comment est-ce possible ? Comment est-il possible que des investisseurs soient assez fous pour acheter des titres de dette émis sur des pays quasiment en faillite ?
C’est là que se joue la danse du serpent. Les banques achètent ces emprunts étatiques qui ne valent rien. Elles l’achètent avec l’argent qu’elles empruntent presque gratuitement auprès de la BCE. Et la BCE finance les banques en imprimant des billets… En 2008, ce sont les États proche de la banqueroute qui ont soutenu les banques. En 2012, ce sont les banques ruinées qui soutiennent les États aux abois. Et les banques ne pourraient pas soutenir leurs propres États sans la perfusion intarissable (pour le moment) de la BCE.
Les conséquences de ces agissements ne sont pas encore visibles. Elles se construisent cependant peu à peu, ci et là, se gavant de toutes les imbécilités et autres décisions crétines qui sont prises jour après jour. L’implosion de cette machine infernale n’en sera que plus dramatique. La BCE, les États européens et les banques sont à présent complètement liés et lancés à toute allure dans une fuite en avant que plus personne ne maîtrise.
J’en reviens à mon questionnement intérieur et suis à présent en mesure d’apporter une réponse sereine. Non, le serpent qui se mort la queue n’est pas né en Islande. Quelque part à Bruxelles peut-être…
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