La fuite par la dette

Je l’aime bien moi Paul Krugman. Ses écrits sont brillants, pertinents et en même temps ils me font peur. Ils me font peur car toute sa théorie est basée sur la fuite en avant. Et à logique implacable réponse implacable. En fait c’est simple. La FED maintient des taux planchers. Elle imprime des billets à gogo qui servent en premier lieu son premier client: le Tresor américain. Lui peut tranquillement emprunter tout ce qu’il veut à des taux presque gratuits. Simple non? Le seul grain de sable qui pourrait gripper cette machinerie infernale serait le plafond de la dette sur lequel il faut désormais sans cesse voter. A quand une votation sur l’abolition de ce plafond?

Car à bien y regarder, la seule solution pour nos économies, et pas seulement pour les Etats-Unis, c’est de créer de la dette. Les banques centrales n’ont d’ailleurs plus le choix. Elles doivent poursuivre l’inondation de billets tout en maintenant des taux à zéro. C’est triste à dire, mais leur rôle s’arrête à cela. Imprimer, maintenir des taux plancher. Sinon? Sinon c’est l’effondrement du système. Donc seule solution, empiler les dettes aux dettes, refinancer le train de vie des Etats par la création d’emprunts. Et comme les économies ne repartent pas, donc absence de croissance, je ne vois pas très bien comment l’inflation pourrait renaître de ses cendres. Donc taux à zéro à l’infini?

Maintenant la question que je me pose: combien de temps cette fuite en avant peut-elle tenir? Pour toujours? Qu’est-ce qui pourrait stopper cet empilage de dettes? Celui qui trouvera la réponse à cela peut déjà réserver sa place sur une île du Pacifique. Il fera fortune. Le hic, c’est que cette personne-là ne s’est pas encore exprimée. Car la crue réalité est que personne ne sait. Plus personne ne sait. Car sur le papier, cet autofinancement par la création de dette, dont la souscription est assurée par l’impression de monnaie, n’a aucune limite. Aucune limite dis-je. Seule la volonté de l’Homme pourrait en décider autrement.

D’ailleurs, les banquiers centraux s’inventent dorénavant tous les artifices pour arriver à leurs fins. On écrit depuis longtemps que le collatéral manque. Eh bien la parade a été trouvée. Puisqu’on ne trouve plus de collatéral, autant l’utiliser deux fois! Et puis ensuite ce sera trois… et puis quatre… Je le disais, nous vivons dans un monde que Disney ne renierait pas. La seule limite, c’est la pensée humaine. Et comme cette dernière n’a pas de limite…

Donc c’est eurêka pour le moment! Les bourses n’en finissent pas de monter et seul le ciel semble être la limite. Les Romains adoraient cela: du pain et des jeux. Gavons-nous. Même si je déteste cela. Et en ce qui me concerne, je continuerai à avancer sur les trottoirs un sac sur la tête. Puisque si je me base sur les écrits de Krugman, aucune chance pour moi de me reprendre un poteau en pleine figure…


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