Jusqu’ici ça va, sauf pour les puces

Depuis quelque temps on parle beaucoup des rendements américains, qui sont passés de la mort clinique à l’effervescence, carrément. Rendez-vous compte, on flirte juste en-dessus de 1.5%. C’est vrai qu’écrit comme ça ça fout les jetons c’est terrible. Derrière cette peur d’une hausse des rendements se manifeste la crainte du retour de l’inflation, que l’économie s’enflamme tout à coup, que la reprise soit si brusque qu’on n’arrive plus rien à contrôler. Alors c’est possible. Je me réjouis d’un jour où nous referons des kilomètres de bouchons juste pour nous garer devant un hypermarché en France, ou chez Ikea. Enfin il y en a certainement qui se réjouissent de cela pendant que je serai forcément ailleurs. En fait, on a simplement peur d’une envolée de l’activité qui ferait grimper les prix au ciel. Donc inflation qui fait bobo. Donc taux et rendements en hausse. Et si taux en hausse on se retrouvera très vite à se demander comment les gouvernements feront pour assumer le service de leur dette, dette qui bien entendu demeure très insignifiante – se pincer pour ne pas rire – si menue qu’elle ne sera jamais remboursée.

Mais il y a un mais. Et un GROS mais. Et ce « mais » personne ne le maîtrise, sauf les Chinois. Il s’agit des semi-conducteurs, sujet qui devient très tendance semaine après semaine. Merkel, Biden et d’autres ne savent plus comment faire, notamment pour leur industrie automobile. Les carnets de commande sont pleins mais ils ne vendent pas car ils ne peuvent pas livrer. Il manque des puces… et des puces, les voitures en sont truffées, notamment avec le besoin croissant des batteries pour alimenter ce fameux marché des voitures électriques, ce marché de niche dont l’ensemble des constructeurs semble penser que là se trouve l’avenir. VW a d’ailleurs effectué semaine dernière une annonce spectaculaire de développement du tout électrique, avec de belles images futuristes, qui semblent avoir convaincu les investisseurs. L’évolution du titre depuis l’annonce ressemble à s’y méprendre au décollage d’une fusée de Space X. Pendant quelques instants on a failli oublier le sujet phare – toujours les puces – pour mieux se concentrer sur du rêve.

Reste que… Derrière la livraison hypothétique de voitures électriques au wagon d’ici à quelques années, il reste l’épineuse question de l’approvisionnement. On n’aime d’ailleurs pas trop en parler car ça fait un peu moche. Parler d’un truc auquel on n’a encore aucune solution à proposer c’est toujours très embêtant à devoir répondre devant un parterre de journalistes. Mais revenons à aujourd’hui je m’égare. Vous souhaitez commander une Audi ? C’est un an de délai. Et c’est partout comme ça. Les constructeurs ne vendent pas because… toujours les puces. Et on voudrait nous faire croire que d’ici à quelques années, outre les terres rares qui sont déjà presque toutes en Chine, les asiatiques seront comme par magie décidés à privilégier les constructeurs étrangers pour en livrer encore davantage ? Livrer quoi ? Encore des puces…

Un autre indicateur n’est pas bon j’en parlais plus haut. Si vous écoutez un tant soit peu les spécialistes en électricité, ils sont unanimes à dire que les ressources ne seront pas suffisantes. Une fois qu’on aura bousillé chaque mètre carré de notre planète pour trouver quelques grammes de terres rares, une fois qu’on aura construit des usines gigantesques de batteries, quelqu’un peut me dire comment – je veux dire avec quoi – on les rechargera ? Demandez aux Australiens ce qu’ils pensent de l’industrie du charbon. On pourrait raser ce pays pour y construire une belle grosse usine à charbon non vous dites ?

Notre mode de fonctionner est dépassé. Celui qu’on nous dessine est déjà mort. Si les constructeurs avaient décidé de se faire harakiri ils ne s’y seraient pas pris autrement. Ils ont choisi d’obéir aux politiques et de protéger leurs fesses il n’y a rien à dire d’autre. J’imagine encore que les investissements que s’apprêtent à réaliser les constructeurs ne sortent peut-être pas tout droit de leur cash-flow, surtout quand on sait que leurs ventes sont déjà fortement pénalisées par le manque de…  puces. VW, qui est déjà très endetté, a visiblement su convaincre ses banquiers pour une rallonge supplémentaire. Pas dit qu’ils soient forcément rassurés lorsqu’ils constateront que la firme aux x marques ne parvient pas à écouler son stock et que par ricochet, ils n’encaissent pas ce qu’ils seraient à même d’encaisser… s’ils étaient fournis en puces. Déjà qu’on n’arrive pas à produire suffisamment de vélos… ça promet ! Ah mais non les vélos c’est pas exactement pareil en fait. Il faut bientôt débourser 6’000 francs pour obtenir un vélo qui comporte non plus une, mais deux batteries. Tout est dit. Sauf que je ne sais pas si les vélos électriques sont aussi équipés de puces…


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