| Billet invité | On peut toujours se dire que ça n’arrivera jamais, que ce n’est pas possible. Dans certains cas, on n’a pas été trop surpris. Voir le Zimbabwe ou l’Argentine en faillite n’a étonné personne. Detroit non plus à vrai dire. Et si la Californie ne devait plus parvenir à se refinancer, son sort rejoindrait le rang des faibles. Le rang des cancres, ceux qui ne savent pas compter. Ceux qui n’ont aucun égard du peuple, aucun respect de la valeur du travail, aucune considération de l’avènement d’une vie pour celles et ceux qui auront trimé afin de s’offrir une retraite décente. En fait, lorsqu’une faillite éclate, il y a lieu de considérer que cette action discrédite à tout jamais tous les guignols politiques qui, tour à tour, auront marqué leurs discours de promesses rarement tenues.
Je pousse le bouchon un peu plus loin en vous posant une petite devinette? Celui qui trouve se verra offrir en emploi de premier choix aux Etats-Unis: presseur de savon liquide dans les toilettes d’un night-club new-yorkais, sans salaire fixe, devant vivre de ses seuls pourboires pour élever ses enfants. Le bonus? Le costume est fourni gratuitement. Un nœud papillon vous serrant le cou pour vous aider à ne pas vomir… Je reviens à ma devinette: savez-vous depuis combien d’années le plafond de la dette américaine est relevé le plus bravement du monde par les politiques du Congrès? Mea culpa. Je n’ai pas le chiffre exact. Mais je sais qu’on vient de passer 90 ans… 90 ans que ces bouffons, très responsables et toujours à l’écoute du peuple, augmentent périodiquement le plafond de la dette sans sourciller. C’est ce qu’ils savent faire de mieux: augmenter ce qu’ils ne rembourseront jamais. Augmenter l’héritage de leurs enfants et petits enfants tout en faisant payer au monde entier le prix de leurs errances.
Par définition, un politique américain est tout aussi con qu’un autre. Durant les sessions du Congrès, les élus du peuple ont trouvé un jeu bien plus passionnant que le Tétris ou surfer sur des sites porno. Le jeu favori? Voter des « programmes », donc des dépenses qu’ils ne pourront jamais assumer et parallèlement tout mettre en œuvre pour abaisser les impôts. Surtout ceux des riches. Dingue non? Donc en très clair c’est dépenser le plus possible l’argent qu’on n’a pas et réduire les recettes en même temps. Ça vous fait rire? Moi aussi. Y a pas plus con. Et dire que ça fait 90 ans qu’ils s’amusent à cela… La conséquence de ce foutoir? On crée de la dette pour combler le trou. Et tant qu’il existe des idiots sur cette Terre pour en acheter, eh ben ça marche! Sauf que là j’en suis plus trop sûr. Parce que c’est la FED qui finance le Trésor, ou Ponzi c’est selon votre goût… et c’est ce qui me fait écrire depuis très longtemps que le QE ne pourra plus jamais s’arrêter. Je continue?
Le jeu s’avère assez pervers. Non seulement il y a le refinancement de la dette, mais il y a aussi les taux qui DOIVENT à présent être maintenus tout en bas. Sinon c’est le défaut de paiement immédiat tant la dette est grande. Et tout cela n’est qu’une simple question de temps. En fait, la seule inconnue est celle-là: est-ce que les Etats-Unis se laisseront mettre en faillite par leurs créanciers? Ou décideront-ils eux-mêmes de se faire harakiri? Au-delà des chiffres, y aurait-il également une question de fierté là-dedans?
Contrairement au Zimbabwe ou à l’Argentine, nous risquons de vivre demain une faillite ordonnée de l’intérieur. Une joyeuse première… Car si je retranscris les discussions de couloir des membres du Congrès qui nous rejouent la même pleureuse depuis des mois (on remonte le plafond de la dette? Ou pas?), je me demande sincèrement s’ils ne sont pas entrain de préparer le monde à leur propre défaut. « On vous avait dit! » pourront-ils chanter en cœur. Rassurez-vous, Démocrates et Républicains s’entendent très bien sur la question. Dans les moments forts, les Américains retrouvent comme par miracle une unité rassurante. Pour ça, on peut leur faire confiance. Et pour en faire payer le prix aux autres aussi… Et si on s’apprêtait à vivre tout bientôt un épisode unique?
Ce que l’Histoire pourrait retenir de Bernanke, ce pourrait être ceci: il aura été le dernier dirigeant de la FED à avoir permis aux Etats-Unis de survivre sous sa forme actuelle. Son successeur, quel qu’il soit, ne pourra plus rien. Si ce n’est orchestrer monétairement le défaut programmé de la première puissance mondiale.
Laisser un commentaire