Blocher a toujours raison…!

Je déteste m’exprimer sur la politique et pourtant, j’ai envie de pondre quelques lignes en entendant notre ami Burkhalter se plaindre de son triste sort suite aux dernières votations. Je résume. 1992: la Suisse disait non à l’EEE. J’avais 22 ans et j’écoutais Delamuraz et Felber à la télé nous parler d’une journée noire pour la Suisse. A mon jeune âge, j’entendais que les perspectives d’emploi s’assombriraient brutalement et qu’en fait ma génération était brisée, sacrifiée. D’un autre côté, il y avait le singe Blocher qui se pavanait. Je pensais que ce monsieur était un con qui avait su jouer sur la peur des gens en leur faisant croire qu’en fait on votait sur l’adhésion à l’Europe, ce qui n’était dans les faits bien entendu pas le cas.

Aujourd’hui? Cela fait 22 ans que l’on vit le plein emploi. En clair, Delamuraz et Felber étaient complètement à côté de la plaque. Aujourd’hui? Blocher a de nouveau gagné et Burkhalter nous annonce que ce sera difficile à l’avenir. Dois-je le croire?

Cependant les faits sont là. La Suisse se porte très bien merci pour elle. Elle est la clairière de l’Europe où foisonnent banquets multiples, fine food, boulots bien payés, habitations et infrastructures de qualité, argent à profusion et surtout système politique qui prône une véritable démocratie. Le résultat? La Suisse souhaite préserver ses acquis et c’est bien compréhensible, les aléas européens n’invitant pas vraiment à la confiance. Le vote du week-end dernier démontre simplement cela.

Ensuite il y a lieu de constater que la majorité des Suisses-allemands souhaite préserver ce qu’ils possèdent, contre vents et marrées, avec comme but ultime de préserver l’indépendance et le pouvoir de décision à la maison. L’économie en général? C’est secondaire. L’important, c’est l’identité, la famille, les valeurs, la nature, la valeur du travail. L’important, c’est aussi de ne pas avoir la désagréable impression d’entretenir toute personne qui viendrait en Suisse pour profiter du système et de sa richesse. On vivra peut-être moins bien? Pas grave. Pour s’en rendre compte, il suffit de passer quelques jours chez eux pour mieux s’en rendre compte. Burkhalter devrait y penser d’ailleurs, plutôt que de perdre du temps aux Poutine games qui n’intéressent plus grand monde. Je reviens en effet d’Engelberg, canton d’Obwald, petit village situé au pied du Titlis. Rien n’a changé en trente ans, sauf peut-être le parking public qui a été goudronné. Ici et malgré la présence de nombreux touristes étrangers, les chauffeurs de bus annoncent les arrêts en dialecte un point c’est tout. Pas de bling bling, pas de luxe, pas de constructions démesurées comme en Valais où tout est bousillé, pas de boutiques haut de gamme, mais en revanche des magasins vendant des couteaux, du cristal, du fromage d’alpage…

On aurait tort de ne pas vouloir écouter cette Suisse-là, pas celle qui borde nos voisins européens et qui a forcément une vision différenciée du monde qui l’entoure. Leur quotidien n’est pas le nôtre. Leurs valeurs sont différentes. Et pour les politiques qui ne l’auraient pas encore compris, ce sont eux les gardiens du temple. A tort ou à raison n’est pas la question. Mais rester installé dans les salons du palais fédéral n’aidera en rien à les comprendre, ni aller tailler une bavette avec Merkel la semaine prochaine. Car d’abord, il vous faudra écouter votre peuple M. Burkhalter. Et ça, Blocher sait le faire.


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