Trop c’est trop. Les managers qui sont restés trop frileux sur le marché des actions sont en train de réagir. Le cash n’est plus cash. Il file dans le casino toujours alimenté par la FED. Les managers qui auront raté le rallye doivent se refaire. Ils agissent de façon désespérée afin de pouvoir présenter une performance acceptable à leurs clients. C’est pour cela que les marchés montent de manière si linéaire depuis quelques semaines, presque sans à-coups, à dose homéopathique, presque de manière pathétique.
« Tant que l’orchestre joue, il faut se lever et danser! » Telle était la citation devenue célèbre juste avant la crise des subprime. C’est ce que tout le monde avait fait jusqu’en 2007. On a suivi le mouvement. De toute façon, celui qui n’y était pas passait pour un con, un ignare, un marginal. Qui se serait permis de cracher sur de l’argent facile?
Juste ne pas oublier trop vite une chose. Le jeu du bonneteau est pareil. A la fin, les perdants sont bien plus nombreux que les gagnants. Et en ce moment, les rangs grossissent, on se presse, on pousse de derrière pour goûter au jeu. Les chanceux, ceux qui sont debout au premier rang, arrivent à deviner où se trouve la bille, toujours bien visible, facile à suivre. Des billets se tendent depuis derrière. « Augmentez la mise de grâce! Je veux participer au gâteau », s’exclament en cœur les joueurs.
C’est toujours la même chose au jeu du bonneteau. A un moment donné, on mise le paquet. Allez, ça fait trente fois que vous la trouvez cette bille. Cette fois, vous êtes sûr de vous et c’est LE MOMENT, l’occasion à ne rater sous aucun prétexte. Et c’est là, quand on sûr de chez sûr, que le guideur vous livre son tour de passe-passe que personne ne voit, tout occupé que l’on est sur la seule chose qui fait frémir notre regard: les billets qui tantôt disparaîtront dans la poche de l’usurpateur. Quand il le décidera. Ou alors s’il voit un danger, une interférence ou tout autre événement qui mettrait à mal sa supercherie.
Quant à moi, j’étais au premier rang pendant presque cinq ans et là, j’écoute la foule en délire, les cris de joie, l’euphorie. À peine plus loin, au calme, j’admire la quiétude du lac, ressourçant, régénérant. Je retournerai jouer au bonneteau. J’adore ça. Mais toujours au premier rang.
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