A toute vapeur vers le néant

Écrire un billet devient de plus en plus difficile car relater ce que font les marchés depuis deux mois rendrait complètement fou le plus éclairé des psys. Les marchés sont entrés des deux pieds dans le monde merveilleux de l’euphorie, quoique. Si l’on prend les indices américains on peut penser que c’est le cas. Là-bas, dans le monde merveilleux des burgers, tout est permis, même les débilités. Certaines boîtes qui ne gagnent pas un péco font le yoyo à un rythme qui rendrait le saut à l’élastique aussi vibrant qu’une partie de Monopoly qui dure 4 heures. A n’y rien comprendre. Il y a toute une série d’hurluberlus qui jouent à se faire peur, en joignant leurs forces, en se mettant tous en même temps à parier sur des titres qui ne valent rien. Alors ça marche pour certains, pour d’autres pas. Je rappelle à tout hasard qu’acheter haut et vendre bas ne fonctionne pas. Et je rappellerai en plus que ce genre « d’activité » finit toujours mal.

En Europe c’est tout autre. On regarde ce qu’il se passe de l’autre côté de l’Atlantique et… on regarde. On ne fout strictement rien, ni en Suisse d’ailleurs. Le SMI reste scotché depuis je ne sais combien de mois dans un range de quelques centaines de points. Certains secteurs profitent pleinement, comme les assurances, avec un effet de rattrapage. La pandémie ne fait pas vraiment partie de leurs risques et les marchés semblent gentiment intégrer cela. Les fameux caractères écrits en Arial 2 au bas des polices ont encore de beaux jours devant eux. Avec les assurances c’est toujours pareil. On paye des primes et lorsqu’on a une crise, un sinistre, on découvre alors avec horreur que les assureurs ont tout prévu pour au final ne jamais passer à la caisse.

Tout le monde a beaucoup entendu parler de Tesla, que la valorisation est extrême, que ce titre ira forcément à 1’000 dollars tôt ou tard au vu de l’extrême charisme de son patron, que l’on peut sans autre appeler Dieu n’ayons pas peur de le dire. Alors peut-être à 1’000 dollars surtout quand on sait qu’il a frisé les 900 en tout début d’année. Sauf que là le titre ne fait que descendre et qu’il a passé les 600 dollars. Cette daube ne vaut rien. Les voitures électriques appartiennent déjà au passé et je ne suis pas le seul à le penser. Il suffit de voir le nombre de terres rares dont ont besoin ces nouveaux véhicules pour se rendre compte qu’il n’y en aura pas pour tout le monde et que rien n’est fait, au niveau des infrastructures, pour permettre un développement à grande échelle de telles voitures.

Ensuite il y a le bitcoin. Pour être franc je n’ai jamais rien compris à ce truc, ni comment on « mine ». La seule chose que j’ai comprise, c’est que ceux qui en ont ont peut-être réalisé de belles performances. Je ne dis qu’une chose: quand vous possédez une action d’une entreprise, vous détenez quelque chose. Quand vous détenez un lingot d’or, vous le palpez également. Avec un bitcoin vous n’avez juste rien, aucun sous-jacent. La valeur théorique de ce truc équivaut à la valeur qu’on veut bien lui donner. A mon sens ça vaut zéro. Et l’avenir de ce « placement » s’apparente à une mode dont la durée sera celle qu’on voudra bien encore lui donner.

Des crises précédentes on n’a rien appris. En 2000, tout ce qui se finissait par « point.com » et qui ne gagnait pas un radis a fini par se casser la gueule. Et aujourd’hui, on peut presque en dire de même en ce qui concerne toutes ces sociétés qui ne gagnent rien mais qui font l’objet de paris toujours plus importants. Ça finira très mal ! Devenir riche en ne foutant rien ET en trois jours a toujours fait partie des affamés qui ont regardé trop de Disney. Greed is good. Enfin parfois.

Autre sujet qui passionne et divise les économistes: le retour de l’inflation. On en a beaucoup parlé ces dernières semaines avec les rendements sur le 10 ans américain qui se tend. Alors oui il a doublé, mais en partant de presque rien. Ce qui au final veut dire qu’on a fait toute une tartine pour à peu près rien. Sauf que l’inflation elle se dessine peu à peu avec le retour en grâce du Dieu pétrole. Trop de liquidités équivaut à terme à coup sûr au retour de l’inflation. Elle viendra. Mais on fera tout pour qu’elle ne revienne pas, sans quoi les États ne seront plus à même d’assurer le paiement de leurs dettes qui s’élèvent à… j’en sais rien. De toute façon, à de tels niveaux, je ne suis pas certain que ça veuille encore dire quelque chose.


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