La peur comme guide de vie, vraiment?

Partout où je passe je constate la même chose. Et du fond de mon âme ressort à chaque fois le même constat: nous passons notre existence à consacrer notre énergie à des futilités. Débrancher la télé et surtout couper tout canal d’info revêt de plus en plus une importance qui ne cesse de grandir. On en prend conscience, mais on n’en fait rien. La propagande, car c’en est bien une, nous fait croire que la magie c’est bien cela: être connecté constamment pour être au courant de tout. Durant leurs vacances, la majeure partie des travailleurs ne débranche plus le portable. Non pas parce que l’employeur le demande ou que la fonction l’oblige, mais bien parce que nous sommes névrosés. Nous avons sans cesse peur. Nous demeurons angoissés de rater une nouvelle, une info, de ne pouvoir réagir en temps voulu et suffisamment tôt à un mail. Tout ça pour calmer notre esprit tourmenté, ou alors parce que nous avons peur de ressentir de la culpabilité?

Écrire ce papier ne m’est pas compliqué car je suis connecté et déconnecté en même temps. Les nouvelles qu’on nous balance en tout temps sont mauvaises à 99%. Passionnés que nous sommes par les drames, les crises, les morts, l’endettement à outrance, nous choisissons de devenir esclaves de toutes ces horreurs. Comme si tout ce qui, à terme, nous mettra tous par terre nous fascine. Et pourtant la vie de n’est pas cela. Ce n’est pas seulement les guerres, la compétition, l’excès de richesse ou de pauvreté, la pollution, la fin inéluctable. Mais c’est aussi l’émerveillement, la jouissance, vivre ses valeurs, le respect de soi-même et de son élan vital, la joie d’être là, la contemplation.

Rien ne sert d’angoisser sur le double effondrement, financier et humain, qui nous pend au nez. Rien ne sert d’angoisser à ce point du néant. Il viendra bien assez tôt, avec une intensité dont personne ne mesure vraiment les conséquences. Et j’espère que ça va secouer fort. L’Humanité en a besoin. Car si c’est pour vivre, pardon survivre, dans ce monde-là, angoissés du matin au soir, accroc à l’horreur et à la peur de manquer quelque chose, difficile d’imaginer pire à vrai dire non? A côté de cela, l’effondrement du système ne serait-il pas plutôt une bouée de sauvetage?

En réalité, l’être humain n’a jamais été aussi libre que maintenant. Libre d’accéder à l’info quand et où il le souhaite, libre de voyager et d’émigrer, libre de choisir sa profession et son mode de vie. Qui a dit, mis à part la propagande, que nous devions vivre endettés pour maintenir le système en vie? Qui a dit que nous devions risquer de faire imploser notre intérieur en nous croyant indispensable au système en demeurant joignable même sous la douche?

Chacun est libre d’exprimer la grâce, la liberté et les valeurs qui vivent en chacun de nous. En revanche, entre quatre planches ou dans une maison pour fous, nous ne servirons à rien. Être capable de s’émerveiller devant une goutte d’eau que traverse la lumière du matin devrait nous offrir bien plus de bonheur que le dernier update d’iOS non? Qui voit encore la joie qui émane des enfants en cour de récréation? Mais non c’est vrai. Nous préférons avoir peur. Ça nous maintient éveillé! Un exemple tout suisse? Cela fait plus de dix ans que nous angoissons de l’évolution des prix de l’immobilier. Et maintenant que les prix baissent enfin et que le marché se retourne (comme on devrait se sentir soulagé), on angoisse car les banques pourraient se rendre compte qu’elles ont financé non seulement n’importe quoi, à n’importe qui, et à n’importe quel prix. Vous voyez, on a choisi d’avoir peur tout le temps! Rappelez-vous… la goutte d’eau du matin. Instant magique, intemporel, unique, féérique, envoûtant et… gratuit. Les valeurs humaines (et la finance) sont en perdition? Le recadrage qui veille au coin de la rue n’attend que de faire son coming out.


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