Allô Nasdaq tu fais quoi?

J’étais jeune apprenti, un jour d’octobre 1987, alors qu’il faisait un soleil radieux et que les feuilles rougeoyaient de mille feux. Par le plus grand des hasards, je me trouvais justement dans le service des titres (ça s’appelait encore ainsi à l’époque) lorsque soudainement la bourse s’est effondrée. Mes collègues « adultes » cédaient à la panique alors que je ne saisissais pas forcément la mesure du crash et de ses implications. Le crash de 1987 coïncide en fait au début de mon intérêt pour les marchés que je n’ai plus jamais lâchés. Depuis bientôt 27 ans, il n’est presque pas un jour sans que je ne suive la bourse avec un seul but en tête: comprendre. C’est en effet assez vite que j’ai acquis la conviction qu’on nous racontait des salades et que j’avais tout intérêt à parvenir à lire les marchés par moi-même.

De nos jours, seuls quelques autodidactes s’expriment librement. Seuls quelques uns parviennent à garder la tête hors de l’eau et osent écrire le fond de leurs pensées. D’un côté, vous avez le tandem Loïc Schmid et Thomas Veillet, qui réussissent l’exploit de vulgariser le « compliqué » en « simple » tout en étant hyper pro. D’un autre côté, vous avez les vieux sages qui ne cessent de rugir et d’avertir comme Paul Jorion et Bruno Berthez. Il y a pile 3 mois, j’écoutais les conseils d’une cohorte de banquiers. Personne, je dis bien personne, n’a pipé mot sur un éventuel problème de valorisation des titres techno. Vous voulez du Tesla, Neflix, Twitter ou cette daube de Facebook? N’hésitez pas si vous appréciez les mirages.

27 ans que je constate un fait: personne n’a jamais réussi à transformer du vent en or. Vous aimez vous prendre des claques? 2000 ne vous a pas suffi? C’était pourtant exactement la même chose. On aurait dit à l’époque qu’on avait tous bouffé des champignons hallucinogènes. Le lapin de Pâques vous n’y croyez plus non plus ou bien??? Le navire tangue de toutes parts. D’ici peu, on entendra chaque semaine Faber et Roubini vociférer tant et plus. Comme à leur habitude, ils enfonceront des portes ouvertes. « Je vous l’avais bien dit! » pourront-ils s’écrier. Sauf que si je les avais écoutés il y a 5 ans, je n’aurais rien gagné. J’aurais retiré tout mon cash et l’aurais planqué à la forêt dans un terrier de renard. Alors vous je ne sais pas mais moi, je suis très heureux de les avoir ignorés. Reste qu’il va falloir se gaffer. La maladie du délirium s’en prend au Nasdaq au risque de rendre cet indice complètement gaga à force de le malmener. Les titres techno ont corrigé? Opportunité d’achat? Seulement si vous acceptez une fois pour toutes le risque de tout perdre que vous ayez acquis qu’au final, le vent ne se transforme jamais en or.

Ah juste pour finir et parce qu’on n’en parle plus du tout depuis un bout de temps… Vous connaissez une des raisons du crash éclair de 1987? On appelait cela à l’époque le « program trading ». En simple, le passage par des machines d’ordres automatiques d’achats et de ventes. Aujourd’hui on a progressé vachement beaucoup plus dans le contrôle vous ne trouvez pas? Que nenni oubliez cela! On a simplement modifié le terme en « high frequency trading » pour que ça fasse plus fun quand on en parle. Des machines qui bossent pour nous et qui un jour risquent de s’emballer comme des fofolles sur par exemple… une baisse subite du Nasdaq!


Commentaires

0 réponse à “Allô Nasdaq tu fais quoi?”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *